Les producteurs de lait allemands ont prévenu lundi qu'ils continuaient la grève des livraisons entamée six jours plus tôt, s'attirant les foudres de l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques).
«Les 43 centimes par litre sont une obligation absolue. Cela doit être le prix minimal. La concurrence peut avoir lieu au-dessus de ce seuil, mais plus en dessous», a déclaré le président de la fédération allemande des producteurs de lait BDM, Romuald Schaber, sur la chaîne de télévision ZDF.
BDM poursuivra la grève jusqu'à ce que les laiteries se soient mises d'accord pour payer le lait plus cher, a-t-il ajouté, mettant en garde contre une pénurie dans les supermarchés.
«Au lieu de verser des larmes de crocodile parce que le prix du lait a un peu reculé par rapport aux prix records de l'an dernier, les producteurs devraient plutôt danser de joie que les prix soient toujours nettement plus élevés qu'il y a deux ans», a critiqué le directeur pour le commerce et l'agriculture de l'OCDE, Stefan Tangermann, dans le quotidien économique Handelsblatt à paraître mardi.
«A l'heure de la pénurie alimentaire mondiale qui conduit à des révoltes dans d'autres pays, de telles actions qui consistent à jeter de la nourriture en grande pompe dans une Allemagne nageant dans l'abondance avec la bénédiction de la politique ne rencontrent guère de compréhension de l'étranger», a-t-il ajouté.
De son côté, M. Schaber a appelé les distributeurs à rejoindre la table des négociations, alors que de premières discussions dimanche soir à Berlin entre les producteurs de lait et les industriels n'ont eu aucun résultat concret et qu'une réunion des ministres allemands de l'Agriculture, fédéral et régionaux, était prévue lundi.
«La production de lait est une question de société. Nous appelons les ministres des Länder (Etats régionaux) à trouver une position unie et à soutenir le ministre fédéral Horst Seehofer, qui est du côté des producteurs de lait», a ajouté le président de BDM.
Romuald Schaber est également président de l'EMB (European Milk Board), qui regroupe des syndicats de producteurs de lait d'autres pays européens (OPL affiliée à la Coordination rurale en France), dont certains mènent des actions similaires depuis quelques jours.
Aux Pays-Bas, le tribunal de Haarlem (Ouest) a toutefois ordonné lundi en référé la fin du blocage par les producteurs laitiers de l'usine laitière Friesland Foods de Nijkerk (Est), qui menaçait le commerce de rupture de stock, a annoncé l'agence ANP. Les producteurs avaient jusqu'à 12 h pour lever les barrages, sous peine d'astreintes.
Les laiteries sont appelées «à prendre leurs responsabilités dans toute l’Europe», a affirmé l'EMB, lundi dans un communiqué. Les producteurs de lait «ne recommenceront à livrer le lait aux laiteries et ne mettront fin au blocus que lorsque la filière se déclarera définitivement en faveur du paiement, en 2008, d’un prix au litre de lait capable de couvrir les coûts de production de ce lait, d’une contribution à un système intégré de fixation du prix du lait qui tienne compte des coûts, et d’une collaboration, à l’échelon européen, avec les producteurs de lait afin de créer un cadre acceptable pour tous».