La crise sur le prix du lait s'amplifiait mardi en Allemagne: les producteurs radicalisaient leur mouvement en bloquant les livraisons, au grand dam de l'industrie du lait qui menace de riposter juridiquement.
«Si les blocus des laiteries se poursuivent, cela pourrait devenir juste» pour l'approvisionnement des rayons des supermarchés, a averti un responsable à la fédération de l'industrie laitière MIV, Matthias Brandl, à la télévision publique ZDF.
Il a reproché aux producteurs de créer une «situation très précaire» avec des méthodes «très militantes». Selon lui, les centrales laitières sont «prises en sandwich» entre les producteurs et la distribution.
L'industrie laitière allemande a menacé mardi de recourir à la justice pour faire cesser les blocus des laiteries par les producteurs de lait en grève depuis une semaine pour protester contre des prix qu'ils jugent trop bas.
«Si un producteur décide de ne plus vouloir livrer de lait, c'est son propre choix (...). Mais si les laiteries sont empêchées de recueillir le lait que d'autres producteurs veulent leur livrer, c'est illégal», a indiqué au Bayerischer Rundfunk, Eberhard Hetzner, un autre responsable de la MIV.
«Et c'est le point sur lequel nous disons que des mesures juridiques doivent être prises», a-t-il ajouté, misant encore sur la discussion avec les producteurs pour régler le conflit.
La fédération qui regroupe environ 100 laiteries ne voit «aucun mouvement pour l'instant» dans la crise, a-t-il souligné, demandant des «concessions» aux producteurs.
Ceux-ci ont bloqué des accès à certains sites depuis samedi avec leurs tracteurs, une méthode radicale pour empêcher tout arrivage du lait et donc toute livraison aux commerçants. La police est intervenue pour lever les blocus à certains endroits.
La plus grande laiterie d'Europe, la «Sachsenmilch Molkerei» de Leppensdorf près de Dresde (Est), est bloquée depuis dimanche, comme l'ont été d'autres grandes centrales laitières un peu partout dans le pays.
Les commerçants s'attendent à ce que les producteurs s'en prennent également aux dépôts des distributeurs, selon la presse allemande, qui évoque des cas de laiteries contraintes à réduire leur production du fait du boycott des livraisons.
La fédération allemande des producteurs de lait BDM a appelé mardi les producteurs à la modération dans leurs actions de protestation afin d'éviter une «escalade» dans la crise du lait.
La BDM «a toujours dit qu'il ne doit pas y avoir d'escalade, soyez raisonnables!», a lancé un porte-parole, Hans Foldenauer. Selon lui, les blocus devant les laiteries ne sont pas organisés par la BDM mais sont décidés sur place par les producteurs locaux.
La BDM demande aux laiteries et grandes surfaces de payer les producteurs de lait 43 centimes par litre, contre les 28 à 34 centimes d'usage en ce moment, pour compenser la hausse de 7 centimes des coûts de production liée à l'augmentation des prix de l'énergie et du fourrage.
Des premiers pourparlers entre des représentants de la fédération du commerce de détail HED et les producteurs de lait ont eu lieu lundi soir à Cologne (Ouest), mais les deux parties n'ont rien dévoilé de leur rencontre.
Dimanche à Berlin, de premières discussions entre les producteurs grévistes et les laiteries industrielles n'avaient donné aucun résultat concret.
En Suisse, les producteurs de lait ont appelé à la fin de la grève déclenchée une semaine plus tôt après avoir obtenu mardi une augmentation de 0,06 franc suisse par litre (4 centimes d'euro) de leur prix de vente (un peu plus de 0,7 franc suisse par litre actuellement, soit 43 centimes d'euro).