C’est une «première» d’importance car attendue depuis des décennies: le lait transformé en AOC (appellation d’origine contrôlée), en Auvergne, va désormais bénéficier d’un complément de prix de 30 €/1.000 litres, avec l’objectif d’atteindre 70 €/1.000 litres au plus tard en 2015.
Ce qui peut aussi se qualifier de véritable «révolution culturelle» pour un plateau auvergnat composé de quatre AOC industrielles (cantal, saint-nectaire, fourme d’Ambert, bleu d’Auvergne) a abouti au terme de quelque 50 heures de négociations des parties concernées, le tout sous la médiation active du préfet du Cantal.
Les nouveaux décrets des AOC cantal et saint-nectaire, renforçant les cahiers des charges des producteurs, expliquent cette levée de boucliers des producteurs de lait.
«Les agriculteurs ne pouvaient engager des investissements lourds pour modifier leurs systèmes de production sans garantie d’une compensation financière, explique Chantal Cor, de la section laitière de la FDSEA du Cantal. L’accord obtenu est insuffisant au niveau du montant actuel de 30 € mais il est très positif dans le sens où le système mis en place aboutit à une équité parfaite entre tous les producteurs d’une même zone AOC.»
Pour Philippe Maquin, directeur adjoint des Fromageries occitanes et porte-parole des transformateurs, «les metteurs sur le marché ont accepté le pari d’une meilleure valorisation des AOC malgré une conjoncture économique difficile». De fait, le complément de prix sur lequel les entreprises se sont engagées est mis en place à partir d’une cotisation volontaire obligatoire (CVO) appliquée sur tous les kilogrammes de fromages AOC vendus à compter du 1er mars 2009.
«Nous avons 9 millions d’euros à aller chercher auprès des distributeurs, résume Philippe Maquin, il s’agit bien d’un pari audacieux sur l’avenir.» Qui dit plus-value, dit communication: 20% de la CVO vont être utilisés à la communication et la promotion des AOC auvergnates, qui espèrent enfin quitter le bas de l’échelle du panel national des fromages d’appellation d’origine contrôlée.
Engagement à venir Pour les 6.637 livreurs de lait de la région, l’heure est au choix de s’engager ou non dans le cahier des charges de l’AOC de leur zone. «C’est à chacun de prendre personnellement ses responsabilités au regard de la plus-value proposée et du surcoût de production généré par l’adaptation de son système», souligne Chantal Cor, de la section laitière de la FDSEA du Cantal. En 2007, l’Auvergne a produit 40.668 tonnes d’AOC, dont 44% de cantal et 23% de saint-nectaire. |