Les syndicats ont réagi mardi de manière diverses à l'annonce de Bruno Le Maire qui a annoncé lundi le déblocage immédiat par les banques de 250 millions d'euros de prêts, avec un remboursement différé d'un an pour les producteurs les plus en difficulté, et des mesures de la part des assureurs et de la MSA.
La FNSEA a estimé que «250 millions d’euros de prêts à taux préférentiel, six mois de report d’annuités sociales et assurancielles ne répondent cependant pas complètement à la détresse réelle des paysans. […] Les difficultés de trésorerie des exploitations méritent plus de concret! C’est donc un premier pas qui mérite d’autres réponses rapides. Une véritable année blanche doit permettre aux éleveurs de tenir bon en attendant des solutions d’avenir durables». Le syndicat souhaiterait aussi que cette année blanche concerne l’ensemble des productions en crise, porc, lapin, fruits et légumes, vin,céréales, viande bovine…
La FNPL (producteurs de lait de la FNSEA) a déclaré que les banques avaient fait «une avancée concrète» lundi soir, en dégageant 250 millions d’euros pour les prêts aux jeunes agriculteurs et pour les récents investisseurs. Le syndicat, qui souligne avoir demandé au ministre le 28 août de «passer à la vitesse supérieure», notamment en «réunissant d’urgence les organismes bancaires afin de trouver collectivement les solutions les plus adaptées», considère que «ce pas va dans le bon sens et se félicite d’avoir été entendu par les pouvoirs publics. Néanmoins, la gravité de la situation implique que l’effort ne se relâche pas et que d’autres mesures puissent encore venir atténuer les difficultés des éleveurs».
L'année blanche, c'est également la demande de JA (Jeunes Agriculteurs). Le syndicat a indiqué que le ministre venait de faire un geste non sans conséquences sur le long terme, et qui ne rassure pas les agriculteurs. Si les facilités financières accordées par les banques, la MSA et les assurances peuvent être perçues comme une avancée, écrit JA, tout cela est insuffisant. Sans compter que ces 250 millions prêtés devront être remboursés à partir de janvier 2011, souligne t-il. «Gare aux effets pervers d’une telle aide ponctuelle, attention à ne pas inciter les jeunes au surendettement sur le long terme!», a commenté William Villeneuve, président de JA.
Pour la Confédération paysanne, le ministre ne traite pas les problématiques dans l'ordre. Les mesures qu'il a annoncées lundi soir font partie d'une deuxième étape qui consiste à sortir les producteurs de la crise en leur assurant, notamment un prix rémunérateur pour leur lait. Et encore, déplore André Bouchut, secrétaire national du syndicat interrogé au téléphone, «on leur demande de s'endetter». Ce que souhaite la Confédération paysanne en premier lieu, c'est une issue européenne à la crise du lait. Le syndicat attend du ministre Bruno Le Maire qu'il annonce des «propositions avancées pour sortir de la crise» d'ici la fin de la semaine. «C'est ce qu'on attend avant tout.»
Au douzième jour du mouvement, certains des grévistes, membres de la Coordination rurale et de l' Organisation des producteurs de lait (OPL), commençaient à évoquer une possible sortie de crise, estimant «certaine» l'avancée des discussions avec le ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire.
«Nous maintenons de toutes les façons la grève jusqu'à jeudi. Après, si le ministre de l'Agriculture Bruno Le Maire confirme ses promesses, nous pouvons envisager d'arrêter le mouvement», a déclaré François Lucas, président de la Coordination rurale.
«Les gens sont déterminés à poursuivre le mouvement car, avec les mesures annoncées, on va dans le bon sens, mais on est loin du compte», a également estimé le président de l' Association des producteurs de laits indépendants (Apli), Pascal Massol, qui craint une «radicalisation du mouvement».
Selon lui, le mouvement pourrait continuer sous d'autres formes «comme le filtrage des laiteries», plutôt que l'épandage de lait, très impopulaire.
Mais, selon les syndicats grévistes, «ces signes encourageants ne permettent pas aux producteurs de relâcher leur pression qui doit aboutir à la convocation effective d'un conseil extraordinaire des ministres européens de l'Agriculture» réclamé la veille par le ministre français de l'Agriculture Bruno Le Maire.
Quant au Modef, il «appelle le gouvernement à de réelles mesures de sauvetage des exploitations laitières. Il ne s'agit pas de bricoler des prêts à 3% ou des prises en charge d'intérêts qui profitent essentiellement aux banques mais d'accorder en urgence une aide directe de 500 euros par vache laitière pour 2009», estime le syndicat.
Le Modef demande au ministre de l'Agriculture de «prendre les dispositions nécessaires afin d'obliger les transformateurs à assurer un prix de 400 euros la tonne aux producteurs». Le syndicat estime que Bruno Le Maire se doit «d'exiger de la grande distribution une baisse des marges afin que les consommateurs bénéficient de prix raisonnables du lait et des produits laitiers».
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