La grève du lait se poursuivait mercredi dans l'Ouest, ainsi que dans d'autres régions productrices, à la veille de l'annonce par la commissaire européenne à l'Agriculture Mariann Fischer Boel de «nouvelles propositions» destinées à faire face à la crise du secteur laitier.
«Le gouvernement estime que plus de 45% du lait n'a pas été livré aux laiteries», a relevé Pascal Cousté, membre du bureau de l'Apli, l'Association des producteurs de lait indépendants, à l'origine du mouvement, une des organisations françaises membres de l'EMB.
Dans un communiqué mercredi soir, l'Organisation des producteurs de lait (OPL, branche de la Coordination rurale) également membre de l'EMB, relève que «le succès de l’action (de mardi) au Space, ainsi que la confirmation du démarrage de la grève du lait dans les autres pays européens, a fait rebondir la motivation des producteurs français, et c’est désormais un producteur sur deux qui est en grève».
Selon P. Cousté, porte-parole en Bretagne de l'Apli, «plus de 50% du volume de lait» produit en Bretagne ne sont plus collectés depuis lundi. Mais les laiteries relativisent l'impact de la grève.
Selon l'Association de la transformation laitière française (Atla), qui réunit tous les industriels laitiers, la collecte actuelle est inférieure de 7% à celle de l'année dernière à la même époque. Le groupe mayennais Lactalis, géant du lait français, estime la baisse de collecte à «4-5%, avec ponctuellement des baisses qui peuvent aller jusqu'à 7, 8, voire 9%», selon le porte-parole Luc Morelon. Laïta, autre poids-lourd de l'Ouest (4.000 producteurs), a chiffré la baisse de collecte à environ 10%.
L'OPL souligne la «mauvaise foi» des laiteries, «qui communiquent sur des chiffres honteusement tronqués: elles se gardent bien de préciser qu’elles font venir en masse des camions de lait depuis l’Espagne ou l’Allemagne. Un cargo chargé de poudre de lait serait même en train d’accoster en Bretagne», dénonce l'organisation.
Les éleveurs ont en tout cas poursuivi leurs actions, notamment en distribuant gratuitement leur lait. En Vendée, ils ont mis en place un partenariat avec la Banque alimentaire et le Secours populaire pour leur fournir gratuitement du lait.
Environ 70.000 litres de lait ont par ailleurs été épandus mercredi dans un champ aux Pieux (Manche). Des actions similaires ont eu lieu dans les Côtes d'Armor, le Finistère, en Indre-et-Loire, et dans la région Rhône-Alpes notamment en Isère et dans la Loire.
A Saint-Brice-en-Coglès (Ille-et-Vilaine), une trentaine de militants de la Confédération paysanne et de la FDSEA, venus également de la Manche et de la Mayenne, ont par ailleurs entamé le blocage d'une usine Armor Protéines (poudre de lait), selon la Confédération paysanne.
Mariann Fischer Boel entend présenter jeudi au Parlement européen de «nouvelles idées» sur la crise du secteur laitier. Quelque 18 pays européens soutiennent un texte franco-allemand proposant une «nouvelle régulation» du secteur, en lieu et place du système voué à disparaître des quotas.
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