Le bras de fer entre les producteurs laitiers bretons et Entremont Alliance se poursuit. L'industriel n'est pas revenu sur sa décision d'appliquer une hausse de 30 €/1.000 l, au lieu des 49 €/1000 l réclamés par la profession.
La FRSEA de l'Ouest (Bretagne et Pays de la Loire) et les JA ont donc poursuivi leurs actions: blocages ponctuels des cinq sites d'Entremont en Bretagne, dégonflage de pneus des camions de collecte, blocage total de la plate-forme de distribution du groupe, à Brécé (Ille-et-Vilaine), depuis dimanche soir...
Les syndicats accusent l'industriel de jouer la montre, dans l'espoir que les autres transformateurs suivent le mouvement dès les paies d'août. Parmi ces derniers, certains expliquent de façon sibylline qu'ils «attendent de voir comment évolueront les négociations», d'autres affirment que «pour l'instant», ils ne changent rien à leur politique de prix. La crainte de les voir s'engouffrer dans la brèche ouverte par Entremont n'est donc pas dénuée de fondement. Ce seront alors tous les producteurs du pays qui seront concernés.
Pour Entremont, la hausse de 30 €/1.000 l qu'il accorde ne peut être plus élevée au vu de la mauvaise valorisation actuelle du beurre et de la poudre. «Les revendications des éleveurs sont légitimes, mais le prix du lait doit aussi être en ligne avec nos objectifs économiques, défend Alain Troalen, directeur des relations extérieures du groupe. Or les perspectives de marché ne nous permettent pas de monter à 49 €. De plus, la dernière régulation de la filière – les quotas – est en train de se déliter. Il y aura plus de lait produit en Europe, c'est inévitable. Il faut donc prendre en considération tous les aspects du problème, et pas seulement l'écart entre 30 et 49 €. Si on attend l'an prochain, de combien serait alors la chute?» Alain Trolaen estime aussi que les gains faits en 2007 sur les produits industriels ont déjà été «entièrement restitués aux producteurs lors des hausses du début de l'année», alors que les livraisons de lait explosaient.
Des arguments rejetés par les producteurs, qui reprochent à l'industriel de ne plus suivre l'accord dès lors qu'il ne lui est plus favorable. «Pour Entremont, les compteurs ont été remis à zéro à la fin de juin. Pour nous, ce sera à la fin de 2008», affirme Dominique Langouet, des JA. «L'ancien dispositif de fixation du prix du lait se faisait sur 12 mois glissants, ajoute Franck Guehennec, de la FRSEA. Il répercutait les hausses comme les baisses. C'est vrai qu'il y a eu beaucoup de lait livré en début d'année, mais ce sont les industriels qui ont voulu faire sauter le verrou des allocations provisoires, parce qu'ils avaient besoin de matière. A eux d'assumer leurs erreurs de gestion des volumes.»