La baisse des cours du lait intervenue à partir de 2008 n'a pas été répercutée sur les consommateurs. Les distributeurs et les industriels ont conservé, voire accru, leurs marges brutes, selon les chiffres d'une enquête de l'Observatoire des prix et des marges publiée le 29 juillet.
Cette étude, commandée par le ministère de l'Agriculture, porte sur le prix et les marges du lait, du yaourt nature, du beurre et de l'emmental. Elle s'appuie sur une enquête de la DGCCRF ainsi que sur des données de FranceAgriMer (ex-Office de l'élevage).
Les prix à la consommation du lait entier, du lait demi-écrémé, du yaourt et du beurre sont restés relativement stables entre janvier 2007 et avril 2009. Or, dans le même laps de temps, le prix du lait à la production a grimpé en flèche avant de s'effondrer.
Selon les chiffres de FranceAgriMer, la répartition de la marge brute entre producteurs, industriels et distributeurs varie selon le produit, si c'est un produit de grande marque ou un MDD (marque de distributeur), mais aussi selon la période.
Ainsi, pour le lait UHT, la part de la marge brute accaparée par les industriels dans le prix payé par le consommateur est passée à 52% au deuxième trimestre de 2009, contre 47% au deuxième trimestre de 2008 et 37% au deuxième trimestre de 2005, selon l'Observatoire.
La part de la marge brute des distributeurs est passée quant à elle à 17% au deuxième trimestre de 2009, contre 12% en 2008, largement en deçà des 27% engrangés en 2005. La part qui revient au producteur fluctue de 26% au deuxième trimestre de 2009 à 40% au premier trimestre de 2008. Mais elle tourne en général entre 30 et 34% entre 2005 et 2009.
Sur les yaourts nature, la part relative à la production est, à l'inverse, en hausse: elle varie de 12% en 2005 à 17% au premier trimestre de 2008, pour s'établir à 15% au deuxième trimestre de 2009. La part relative à l'industrie fluctue entre 42% (premier trimestre de 2005) à 46% (premier trimestre de 2009), et la part «distributeur» décroît tendanciellement sur ces cinq ans, de 40% (1er trimestre 2005) à 34% (premier trimestre de 2009).
Pour le beurre, les fluctuations sont importantes pour la part relative à la production, avec des yoyos entre 31% au deuxième trimestre de 2007 et 50% en 2005 et 2008. La part est de 49% au premier trimestre de 2009. La distribution amortit ces fluctuations (de 12 à 34%) et a longtemps conservé une part à 29%, avant de varier entre 27 et 34% depuis deux ans.
Enfin, l'emmental est sur la même tendance que le beurre: les fluctuations à la production (de 28 à 38%) sont amorties par l'industrie (de 27 à 35%), ce qui permet à la distribution de maintenir sa part autour de 30%.
L'enquête de la DGCCRF est plus sévère vis-à-vis des transformateurs et des distributeurs, montrant que s'ils ont bien répercuté les hausses du prix du lait, ils n'ont pas fait l'inverse quand ce dernier a vu son prix chuter. Ou du moins pas dans la même ampleur, en particulier pour le lait de consommation.
Pour la FNSEA et JA (Jeunes Agriculteurs), il est clair que «depuis 2005, les marges des transformateurs et des distributeurs sont stabilisées», expliquent-ils dans un communiqué. «C’est donc bien le prix payé au producteur qui sert de variable d’ajustement.»
«La FNSEA, JA et la FNPL demandent de nouvelles clarifications concernant le niveau et la justification des marges de la grande distribution. Il s’agit d’avoir des renseignements quant à la politique de ventilation des marges entre le premier prix, les MDD et les marques nationales», explique le communiqué.
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