Les ministres européens de l'Agriculture se sont mis d'accord, lundi, à Bruxelles, sur le principe d'une prolongation de la période d'achat à l'intervention pour les produits industriels laitiers (beurre et poudre de lait).
Ils ont très majoritairement soutenu la proposition de la Commission européenne. La période «d'intervention publique», ouverte le 1er mars, devait arriver à échéance au 31 août. Les ministres ont soutenu l'idée d'une prolongation jusqu'à à la fin février de 2010 «en vue de contribuer à alléger les difficultés rencontrées sur le marché du lait». La décision sera formellement adoptée en octobre, après consultation du Parlement européen.
«Cette décision aujourd'hui répond à ce que j'avais demandé à Mariann Fischer Boel (la commissaire européenne à l'Agriculture, NDLR)», a commenté le ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire, lors d'une conférence de presse. «Je me réjouis qu'elle se soit rangée à nos arguments, alors que la Commission était réticente au départ», a-t-il ajouté.
En revanche, le ministre s'est opposé à une proposition suggérée par l'Italie, revenant à renoncer aux achats d'intervention de lait et à les remplacer par des échanges de quotas laitiers entre pays.
L'Italie produit régulièrement plus de lait qu'elle n'est autorisée à le faire en Europe, du fait notamment du succès de certains de ses produits phares sur le marché, comme la mozzarella ou le parmesan, et doit pour cela payer des pénalités.
A l'inverse, un pays comme la France ne va pas pleinement atteindre cette année les quotas laitiers qui lui ont été attribués. Sur un quota annuel en 2009 de 25 milliards de litres de lait, elle n'en utilisera que 23 milliards, selon les prévisions actuelles.
Des agriculteurs belges bloquaient lundi la circulation sur deux autoroutes en direction de la France pour protester contre la baisse des prix du lait. Ils s'opposent à un accord négocié par une partie des producteurs du pays avec les distributeurs sur une hausse limitée des tarifs de vente. Des manifestations ont eu lieu aussi récemment en Espagne, en France et en Allemagne.
Jeudi dernier, l'Union européenne avait décidé de prolonger un autre système d'aide ciblée pour la profession, le système de soutien stockage privé de beurre.
Les industriels qui ne peuvent vendre leur beurre ou ne veulent pas le faire en raison des prix trop bas pourront recevoir pendant plus longtemps des subventions pour les stocker, en attendant un redressement des prix sur le marché.
Certains producteurs laitiers européens veulent aller plus loin. Ils réclament une limitation de la production, via une réduction des quotas laitiers ou un gel des augmentations prévues. Mais la Commission européenne s'y refuse pour le moment. L'EMB (European Milk Board) et Via Campesina ont prévu des actions mardi à Strasbourg pour la première session plénière du Parlement européen.
Bruno Le Maire et Hervé Novelli, secrétaire d'Etat au Commerce, réuniront mercredi 15 juillet les acteurs de la filière laitière française.
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