Face à la montée de la demande mondiale de lait, qui s'accompagne d'une forte hausse des prix, certains ministres européens de l'Agriculture ont réclamé lundi un assouplissement rapide de la politique des quotas laitiers appliquée dans l'UE.
Diverses hypothèses ont été soulevées par les ministres, réunis au Portugal pour une réunion informelle jusqu'à mardi, notamment celle d'augmenter les quotas de plusieurs points dans toute l'UE en avril, début de la prochaine campagne de lait.
Parmi les autres options évoquées par différents pays: abaisser les taux de prélèvement qui pénalisent les pays dépassant leurs quotas, permettre à un pays de rétrocéder ses droits de production à un autre, ou encore moins sanctionner la teneur en matière grasse du lait.
La Commission européenne étudiera l'année prochaine une possible hausse progressive des quotas européens de production de lait, afin de préparer leur disparition en 2015.
En attendant, la commissaire à l'Agriculture Mariann Fischer Boel a convié le secteur laitier à faire le point en décembre et ne prévoit aucune mesure phare face à la crise avant le 1er avril, voire avant les conclusions en 2009 de son «bilan de santé» de la politique agricole commune.
«S'il y a une forte pression pour trouver une solution avant, je suis ouverte à la discussion», a-t-elle néanmoins indiqué.
La ministre néerlandaise de l'Agriculture Gerda Verburg préconise une hausse des quotas de 2 à 3% dès avril dans l'UE. «Il serait dommage de ne pas profiter de cette demande internationale, et ainsi laisser l'Australie en profiter», a-t-elle commenté. «Nous ne pouvons pas attendre le bilan de santé de la Pac», juge-t-elle.
Le ministre italien de l'Agriculture Paulo de Castro approuve une hausse importante des quotas et avance l'idée de revendre des quotas entre Etats membres. «Certains pays comme l'Italie, l'Espagne, la Pologne ou la Grèce n'ont pas assez de quotas, le marché des quotas devrait être ouvert entre pays membres», suggère-t-il.
Le Luxembourg, par la voix de son ministre de l'Agriculture Fernand Boden, privilégie l'abaissement des taux de prélèvement en cas de dépassement des quotas, ainsi qu'une révision des règles concernant la matière grasse dans le lait. «Les quotas doivent être révisés par étapes avant leur abolition», estime plus généralement M. Boden.
De son côté, le ministre français de l'Agriculture Michel Barnier affiche la prudence, en se retranchant sur une évaluation qu'il doit faire avec la filière du lait français. Il se montre «ouvert» à l'idée de relever les quotas, tout en soulignant que «les quotas sont attachés à des territoires souvent fragiles où sont installés l'industrie de la transformation du lait». «Nous ne voulons pas nous lancer dans un détricotage des règles», a-t-il prévenu.