L'utilisation massive de pesticides comme le chlordécone a conduit à «un désastre sanitaire» aux Antilles, selon un rapport du cancérologue Dominique Belpomme à paraître mardi. Le ministre de l'Agriculture, Michel Barnier, a qualifié la situation de «très grave».
Le ministre a expliqué que cette situation était imputable à une gestion passée qui a «des conséquences sanitaires aujourd'hui», notamment sur la «qualité des terres», essentiellement des bananeraies.
«Nous traiterons la question du chlordécone avec la plus grande transparence», a assuré le ministre de l'Agriculture, pour qui l'occasion se présente de replanter «avec peu ou pas de pesticides» et «d'aller vers la banane à zéro pesticide».
Selon le professeur Dominique Belpomme qui s'est exprimé dans le journal «Le Parisien» de lundi, le taux des cancers de la prostate est «majeur» aux Antilles, même si les scientifiques n'ont «pas encore la preuve épidémiologique» qu'ils sont «liés au chlordécone».
La ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, a tenté de relativiser la portée du rapport de Dominique Belpomme, en estimant qu'il «pose des questions» et «n'apporte pas de réponse formelle». Ces «inquiétudes ont besoin d'être confirmées par des études scientifiques de haute qualité», a-t-elle ajouté.
Le Parti socialiste a réitéré sa demande d'une commission d'enquête parlementaire pour faire «la transparence totale» sur l'utilisation des pesticides dans l'agriculture antillaise et ses conséquences.
Les producteurs antillais, qui réclament une «véritable» étude scientifique de l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa), se sont «insurgés» contre le rapport du professeur Belpomme qui n'a pas selon eux «de contenu scientifique».
«Je m'étonne du tapage sur ce dossier qui a été réglé au mieux de l'intérêt général», indique de son côté Jean-Charles Bocquet, directeur général de l'Union des industries de la protection des plantes (UIPP).
Le chlordécone, un insecticide qui fait partie des organochlorés, a été interdit en France en 1990 avec une mise en application en 1992. Les producteurs antillais ont obtenu un délai juqu'en 1993, a déclaré Christian Choupin, directeur général des producteurs de bananes de la Martinique et de la Guadeloupe.