Objectif atteint pour «Entrepreneurs des territoires» (EDT) qui a réussi à faire salle comble le jeudi 7 février 2008 pour son colloque national sur l’emploi et les compétences.
La présence de plus de 120 personnes, traditionnellement peu attirées par les réunions parisiennes, témoigne du problème de recrutement rencontré par les ETA (entrepreneurs de travaux agricoles).
Pour Jean-Paul Dumont, vice-président délégué d’EDT, les indicateurs sont déjà à l’orange, voire au rouge dans certains secteurs comme le forestier. Et d’indiquer les grands chantiers dans lesquels les entrepreneurs se sont lancés: travailler à l’accueil des salariés, accompagner la deuxième partie de carrière pour les quadragénaires et surtout séduire des jeunes qui ne connaissent pas ces métiers de prestation de service.
Si les entrepreneurs accueillent favorablement la possibilité qui leur est offerte d’embaucher des salariés issus de tous les pays membres de l’Union européenne, Jean-Paul Dumont modère l’enthousiasme en rappelant que l’effet inverse peut se produire et que les jeunes français peuvent être tentés par une aventure à l’étranger. «Ils faut faire en sorte que nos métiers deviennent attractifs pour les jeunes de banlieue et les européens, deux réservoirs de main-d’œuvre qui ne nous connaissent pas», résume-t-il.
Selon la CCMSA (Caisse centrale de la MSA), la France compte 22.384 entrepreneurs de travaux agricoles, ruraux et forestiers dont la moitié sont employeurs de main-d’œuvre. Les salariés d’ETA étaient 30.626 en 2006, dont 18.775 spécifiquement en agricole. Les entrepreneurs sont aussi les premiers employeurs du secteur agricole devant les groupements d’employeurs et loin devant les Cuma.
D’après les chiffres de l’Apecita (Association pour l'emploi des cadres, des ingénieurs et techniciens de l'agriculture), le nombre d’offres d’emploi dans le secteur agricole a dépassé celui des postes à pourvoir en 2006 et la tendance est à l’élargissement de cet écart. Le problème est particulièrement marqué dans les emplois traditionnels des ETA.
Ainsi, le nombre de postes vacants de conducteurs de matériel a augmenté de 20% en deux ans avec plus de 10.000 annonces tandis que le nombre de demandeurs d’emploi diminuait de 6%, passant de 6.000 à 5.650 personnes. La tension est encore plus forte pour les emplois de mécaniciens avec plus de 6.600 offres pour 2.800 demandeurs d’emploi. La situation est aussi très difficile dans le secteur forestier où il est encore possible de trouver un simple manœuvre mais dans lequel la main-d’œuvre qualifiée se fait rare. Les ETA situés en zone péri-urbaine insistent aussi sur la concurrence avec les recruteurs du bâtiment et du TP.
Les ETA se mobilisent aujourd’hui autour de deux axes: attirer les jeunes dans les formations de la filière et maintenir les salariés dans ce secteur d’activité. Sur ce dernier point, plusieurs fédérations régionales d’EDT ont signé un accord-cadre pour permette aux employeurs de proposer un PEE (plan d’épargne entreprise) à leur salariés. Tous ont aussi à leur disposition le livret d’accueil du nouveau salarié. Enfin, EDT met en place une opération séduction envers les jeunes des écoles élémentaires et des collèges, avant l’orientation, pour leur présenter les activités de prestation de service. Visites de chantier, présentation de DVD, simulateur de conduite et distribution de plaquettes sont au programme.