Les biocarburants sont censés réduire notre dépendance au pétrole. Selon l'Institut de l'élevage, ce ne sera pas le cas des producteurs bovins et ovins: l'arrivée des biocarburants renforcerait l'impact du cours du pétrole sur ceux des principales matières premières agricoles. Avec des conséquences sur les prix de l'alimentation humaine et les coûts de production des viandes et du lait.
Les agrocarburants sont régulièrement présentés comme un atout pour l'élevage du fait des coproduits utilisables en alimentation animale qu'ils génèrent. L'intérêt zootechnique de certains, en particulier les drèches de blé, mérite d'être mieux caractérisé.
Les spécialistes du département de l'économie de l'Institut voient un intérêt à ces coproduits: celui de «contenir les hausses des prix alimentées par l'utilisation des blés ou des colzas pour la fabrication d'agrocarburant». Mais rien ne garantit qu'ils réduiraient les coûts de production: «Au mieux permettront-ils de contenir les hausses engendrées par la demande à des fins énergétiques», estime l'institut.
L'étude revient également sur la flambée des matières premières utilisées en alimentation animale à l'automne de 2007. Tout le monde s'attendait à des tensions. «Personne n'avait en revanche prévu l'ampleur, souligne-t-elle. La hausse des prix du maïs sur le marché américain et mondial a entraîné celui du blé, puis du soja, et de l'huile de palme. Toutes ces matières premières qui peuvent faire et font déjà des agrocarburants sont plus que jamais indexées sur les cours du pétrole.»
Enfin, les économistes s'inquiètent de la concurrence que les biocarburants pourraient exercer dans les zones de polyculture-élevage pour l'utilisation du foncier. Et la tendance s'accentuerait avec les agrocarburants de seconde génération. Produits à partir de plante entière, ils pourraient se développer au détriment des prairies.