Après le volet foncier la semaine dernière, la Confédération paysanne (CP) décrypte cette semaine le volet agroécologique de la loi d'avenir que les parlementaires doivent examiner à partir de janvier 2014.
« La volonté de réduction de l'usage d'antibiotiques est à saluer, note la CP dans un communiqué du 20 novembre 2013. Cependant, cette question est liée à la taille des élevages et à la concentration des animaux. Aussi la loi d'avenir doit renforcer les outils de limitation et d'agrandissement non contrôlés des exploitations et inscrire une véritable reconnaissance des alternatives aux antibiotiques tout comme l'intégration dans la sélection de la rusticité des races. »
Sur les pesticides, « le seul article relatif à la réduction de leur utilisation est totalement insignifiant », regrette le syndicat, pour qui la mise en place de certificats d'économie de pesticides – « indulgences d'un nouveau genre » – consiste tout simplement à créer une obligation et organiser en même temps les moyens de s'y soustraire. Il appelle au retrait de cette disposition.
Sur les autorisations de mise sur le marché, la CP demande qu'elles soient du ressort des ministères de la Santé et de l'Environnement, et non de l'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail), comme le prévoit le texte. « Un même organisme ne peut être juge et partie », justifie-t-elle. Elle demande également que les PNPP (préparations naturelles peu préoccupantes) soient reconnues comme alternatives afin de ne pas « subir » le processus d'autorisation des pesticides. « C'est d'ailleurs ce que prévoit la loi sur l'eau, sans être respectée », rappelle le communiqué.
La CP note toutefois un « point positif, très attendu par les éleveurs », dans la loi : l'obligation de recourir à un mâle issu d'un centre d'insémination devrait être abrogée. « Ce serait alors une victoire pour la Confédération paysanne qui s'y est opposée sans relâche depuis 2007. Cette disposition porte atteinte à la liberté de l'éleveur en l'empêchant d'utiliser son propre taureau, bélier ou bouc, ainsi que celui du voisin ! »
Le syndicat relève enfin un sujet d'inquiétude, pour les productions végétales cette fois. « Alors qu'est présentée aujourd'hui au Sénat la loi sur la contrefaçon qui criminalise la reproduction et l'échange des semences, rien n'est prévu dans ce texte pour reconnaître les droits des agriculteurs en la matière ! », regrette la CP, qui attend beaucoup plus d'un projet porteur d'agroécologie.