Afin de faire face à une perte de vitesse de la luzerne en France, accentuée récemment dans le cadre du bilan de santé de la Pac qui remet en question les aides directes à la luzerne pour 2010, la section de la déshydratation de Coop de France a cherché des appuis, notamment du côté de différents acteurs de l'environnement. Parallèlement à cela, les industriels cherchent à étoffer la gamme des produits à base de luzerne, dans le but de capter plus de valeur ajoutée.
Jean Pol Verzeaux, président de Coop de France déshydratation, a déclaré jeudi lors d'une réunion précédant l'assemblée annuelle de la section le 12 novembre, «nous nous sommes ouverts à toutes les problématiques environnementales, nous sommes en relation avec les Diren (Direction régionale de l'environnement), les agences de l'eau, les apiculteurs, la LPO (Ligue de protection des oiseaux), les chasseurs et l'agriculture bio. Nous faisons des efforts et nous étudions notamment des protocoles visant à laisser des bandes enherbées de luzerne en période de floraison».
D'autre part, consciente que la consommation en énergie fossile était le point noir de la déshydratation en matière d'environnement, des mesures ont été mises en place: «Le préfanage poussé et intensifié, le fauchage à plat et l'éclatement de la plante» permettent de réduire naturellement la teneur en eau de la luzerne, soutient Jean Pol Verzeaux. «Ce qui permet des économies d'énergie de 20 à 25% », poursuit-il.
De même, sur les 26 sites de déshydratation français, il est prévu qu'en 2009, il n'en reste plus que sept fonctionnant entièrement aux énergies fossiles, contre vingt-deux en 2005. Les autres unités se sont engagées à utiliser au moins partiellement de l'énergie issue de la biomasse, selon les données de Coop de France déshydratation.
Mais la filière garde les pieds sur terre et elle sait qu'au mieux, les aides directes dureront jusqu'en 2013. D'ici là, il faudra être en mesure de rémunérer correctement le producteur. C'est ainsi que les industriels étoffent leurs gammes de produits dans le but de capter au maximum la valeur ajoutée.
«Nous sommes parvenus à réaliser plus de trente produits différents à partir de la luzerne. Cela permet de créer de la valeur ajoutée et de répondre aux spécificités des attentes de l'élevage», précise Gérard Desvignes, directeur commercial de Desialis, un important distributeur français de produits à base de luzerne.
«Récemment, nous avons mis en évidence la présence d'oméga 3 dans les concentrés de luzerne, avec un taux de transfert dans la viande et le lait deux fois plus important que pour le lin, explique-t-il. Cette découverte, donne une nouvelle dynamique au procédé d'extraction par voie humide, par laquelle ce concentré de luzerne est obtenu.»
D'autre part, l'Autorité européenne de sécurité des aliments pourrait donner son accord pour l'utilisation du concentré de luzerne à 55% de protéines en alimentation humaine, «ce qui promet des perspectives de développement important», assure Gérard Desvignes.