Le Haut conseil des biotechnologies (HCB), saisi par le gouvernement, a rendu mardi un jugement sur l'avis de renouvellement de l'autorisation de culture du maïs Mon 810, publié en juin par l'Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa). Par un vote majoritaire, le Comité économique, éthique et social du HCB estime qu'une autorisation de culture de cet OGM représenterait plus d'inconvénients que d'avantages, et devrait dans tous les cas s'accompagner de mesures particulières.
Le Mon 810 est le seul OGM autorisé à la culture par Bruxelles, mais la France et six autres Etats membres l'ont interdit sur leur territoire en faisant jouer la clause de sauvegarde. D'autre part, le processus de réévaluation du Mon 810 est en cours, et l'Efsa a déjà rendu un avis positif au mois de juin.
«L'avis du HCB reprend notamment les principales questions posées par la France concernant les impacts environnementaux de la culture du Mon 810: impacts sur les invertébrés non cibles, apparitions de résistances chez les ravageurs et questions sur l'efficacité des mesures de gestion proposées», indiquent, dans un communiqué commun, les ministères de l'Agriculture, de l'Ecologie et de l'Enseignement supérieur et de la recherche.
Le Comité scientifique du HCB constate que certaines questions adressées à Bruxelles sont restées sans réponse, «du fait de l'absence d'effets majeurs et/ou faute de données suffisantes». D'autre part, il note «qu'en l'absence de règles méthodologiques clairement préconisées, certains traitements statistiques des données n'étaient pas appropriés».
Le Comité scientifique estime que «les données (...) étudiées ne révèlent pas d'effet majeur du maïs Mon 810 sur l'environnement», mais qu'il est «souvent difficile de conclure à une absence de risque».
De son côté, France nature environnement (FNE) relève que le CEES (Comité économique, éthique et social) «s'interroge sur les raisons pour lesquelles (l'Efsa) n'a pas répondu à la question de savoir si les tests pouvaient ou non, scientifiquement, servir de base à un avis favorable concernant le renouvellement du Mon 810».
Il n'en faut pas plus à FNE et Les amis de la Terre pour réclamer au gouvernement «une position claire contre le renouvellement de cet OGM». Soulignant l' «incertitude scientifique» entourant cet OGM, FNE juge «inacceptable que pour des intérêts mercantiles, une technologie ait été développée sans le recul nécessaire».
La Confédération paysanne tient un discours voisin, pointant l' «insuffisance de la puissance statistique de Monsanto qui ne permettent pas de démontrer l'absence d'effet préoccupant sur la santé» et l'«impossiblité de maîtriser la propagation du pollen transgénique».
L'organisation syndicale dénonce également l' «absurdité de prétendre réduire l'usage des pesticides en autorisant des plantes qui en diffusent en permanence et en déresponsabilisant les agriculteurs qui ne devraient traiter qu'en cas de nécessité». Elle redoute d'autre part «les conséquences sociales pour les agriculteurs et la société civile mis sous la dépendance des brevets d'une multinationale sur les gènes présents dans les semences et l'alimentation».
Pour sa part, Monsanto rappelle qu'«une trentaine d'expertises scientifiques françaises et européennes depuis 1998» avaient établi que le maïs Mon 810 était «sûr vis-à-vis de la santé et de l'environnement». Estimant que «les objections du CEES semblent très spéculatives, et restent des interrogations niant une importante pratique de terrain», la firme regrette que les agriculteurs français n'aient toujours pas la possibilité de faire le choix des OGM.
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