Selon une étude du Centre de recherche et d'étude en gestion (Creg) de l'Université de Pau financée par Greenpeace, «le développement des OGM fait peser de lourdes menaces économiques sur les filières sans OGM en France». Dans un communiqué paru jeudi, l'organisation écologique appelle ainsi au maintien de la suspension de la culture du maïs Mon 810 et à la valorisation par l'étiquetage des produits issus des filières animales sans OGM.
Les chercheurs du Creg estiment que «les cultures ayant des cahiers des charges stricts sur les OGM (avec une seuil de présence toléré inférieur à 0,1%) sont amenées à disparaître dans les zones de cultures de maïs génétiquement modifié et celles ayant un seuil de présence fortuite (accepté jusqu'à 0,9%) pourraient survivre, avec de nouvelles contraintes».
Le Creg souligne qu'il est «difficile d'obtenir un chiffre de synthèse» sur les différents surcoûts estimés et évoque une fourchette relativement large de 5 à 37 euros par tonne de maïs non génétiquement modifié. Un chiffre dépendant de la pression OGM autour des champs de maïs non transgéniques, ainsi que du seuil de présence fortuite toléré.
Mais il indique que, comme cela a déjà été observé pour d'autres cultures dans d'autres pays, «le marché du maïs devrait se diviser en deux», entre filière OGM et non OGM qui coûterait plus cher.
Quant à la production de maïs bio, qui exclut toute présence d'OGM, «la culture de maïs OGM dans une zone (la) rend impossible» et le «risque économique de déclassement de la production est également extrêmement fort», par exemple dans le cas de productions d'origine contrôlée ou certifiée.
L'étude cite le cas des filières du poulet «Label Rouge», qui fournissent une alimentation sans OGM à leurs volailles: elle estime que dans le cas où du maïs OGM serait de nouveau cultivé en France, le surcoût induit pour les producteurs recourant à du maïs non OGM pourrait atteindre de 4 à 15 centimes par kilogramme de poulet.
«Cette étude prouve pour la première fois que certaines filières sont condamnées et que d'autres devront assumer un surcoût important: le régime du «pollué payeur» est mis en oeuvre aux profits des industriels de l'agrochimie», note Arnaud Apoteker, spécialiste des OGM à Greenpeace.