Les organisations agricoles européennes, Copa (syndicats) et Cogeca (coopératives), ont affirmé dans un communiqué que la situation du marché céréalier les «renforce dans leur conviction qu’il est urgent pour le Conseil de réviser le taux de jachère obligatoire» et «demandent que ce taux soit fixé à 0% pour la récolte de 2008, sans préjuger de l’avenir de ce régime».
«Face à l’inquiétude croissante et légitime des utilisateurs de céréales, en particulier du secteur de l’alimentation animale», le Copa-Cogeca a tenu à «clarifier le débat».
La fermeté des prix, qui est mondiale et qui tire les cours européens, est fondamentalement due à l’effet climatique: une mauvaise récolte mondiale et européenne dans l’UE en 2006, des stocks mondiaux au plus bas sous l’effet conjugué des incidents climatiques et d’une augmentation de la demande, expliquent les organisations agricoles de l'UE.
Cette hausse fait suite à plusieurs années de prix mondiaux bas qui n’avaient pas suffisamment stimulé la production dans les pays tiers. Pour 2007, l’augmentation de la demande mondiale aura un impact déterminant, poursuivent-elles.
Le Copa et la Cogeca soulignent ensuite que la demande pour le débouché du bioéthanol dans l'UE «n’est certainement pas» à l'origine de la fermeté des prix. Cette filière a utilisé 3,5 millions de tonnes (Mt) de céréales en 2006 et devrait en utiliser 5 Mt en 2007, soit à peine plus de 1% de la production estimée à 275 Mt.
Ces volumes n’ont pas d’influence sur les prix dans l’UE. Par ailleurs, il est utile de rappeler que lorsqu’une tonne de céréales est consommée dans l’UE pour la production de bioéthanol, jusqu’à 40% retourne au secteur de l’alimentation animale sous forme de coproduits, expliquent également les organisations.
«En revanche, il est indiscutable que la demande mondiale de céréales, en particulier en maïs, est tirée en partie par le développement du bioéthanol aux Etats-Unis, notamment, avec des conséquences en cascade sur le prix des autres céréales. Là-dessus, les producteurs européens n’ont aucune prise», ajoutent-elles.
«La politique communautaire en matière de bioéthanol ou le fonctionnement de l’OCM (organisation commune de marché) des céréales ne sont pas les causes de la situation actuelle», selon le Copa et la Cogeca.
Ils soulignent par contre que d'autres éléments peuvent avoir une incidence beaucoup plus importante sur le secteur de l’alimentation animale et «doivent être sérieusement pris en considération».
Ils mettent en avant, en particulier, «les risques de rupture d’approvisionnement en protéines végétales importées, du fait des délais d’autorisation d’OGM dans l’UE» ainsi que «les conclusions des négociations commerciales internationales» à l'OMC qui présentent un risque important pour les productions animales de l'UE.