Chez certains éleveurs aveyronnais, dont les exploitations sont isolées, le rôle des vautours est loin d’être négatif.
«Je les ai toujours connu, bien avant mon installation en 1990, et ils ne me gênent pas, bien au contraire, témoigne Jean-Paul Malzac, éleveur ovin à Veyreau (Aveyron). J’ai créé une placette d’alimentation, agréée par arrêté préfectoral, à 2 km de mon exploitation et à l’écart des circuits de randonnée. Lorsque j’ai une perte dans mon cheptel, je vais y déposer le cadavre et, dans l’heure qui suit, les vautours sont là. Cela évite d’appeler le service public d’équarrissage qui peut mettre 48 heures, en jours ouvrés, pour intervenir. Si la mort survient le vendredi matin, la bête peut rester jusqu’au mardi suivant sur l’exploitation, avant d’être enlevée, ce qui est très long, surtout lorsqu’il fait chaud. On m’impose uniquement de porter, chaque année, une ou deux bêtes mortes au service d’équarrissage, pour vérification sanitaire».
Ses brebis étant élevées en plein air intégral, Jean-Paul Malzac s’est organisé pour que tout se passe bien. Au moment des mises bas, l’ensemble des animaux est ramené dans un hangar fermé sur trois côtés, à proximité de la ferme. «Mais cette mesure permet surtout de se protéger des corbeaux, autre espèce protégée qui s’attaque aux agneaux naissants, précise l’éleveur. En deux coups de bec, ils peuvent les tuer. Il faut attendre une semaine avant que les petits soient assez forts pour se défendre».
En revanche, Jean-Paul Malzac n’a jamais observé de vautour attaquer des bêtes faibles. «Chez les agriculteurs, leurs interventions se multiplient d’avril à juin, période où l’on constate le plus de problème de météorisation chez les brebis, pouvant entrainer une mort brutale, reprend-il. Lorsque cela survient, les vautours arrivent à une trentaine. Mais les autres brebis restent paisibles, sans paraître effrayées».
Enfin, même s’ils ne font pas appel aux services d’équarrissage, les éleveurs qui possèdent des placettes sont tout de même concernés par le nouvel arrêté, selon lequel ils devront cotiser environ 0,30 € par brebis et par an. Des négociations sont en cours pour obtenir une dérogation.