« Dans le Sud-Ouest, le Poitou-Charentes, les Pays de la Loire, en Champagne, Lorraine et dans le Berry, les pois d'hiver et de printemps virent au jaune et les récoltes ont parfois commencé pour les parcelles les plus avancées, soit avec au moins quinze jours d'avance », informe l'Unip (Union nationale interprofessionnelle des plantes riches en protéines) dans sa dernière note aux opérateurs.
Les premiers échos de rendement sont très faibles : 25-35 q/ha pour des pois ayant développé deux, trois étages de gousses, à la suite d'une floraison écourtée par le stress hydrique.
Plus au nord, les situations sont très variables en fonction de la profondeur du sol, des averses locales en avril-mai et éventuellement de l'irrigation. Certains pois ont formé très peu d'étages et commencent à virer au jaune, alors que d'autres sont encore verts, voire en fleur pour les régions les plus tardives. Les pluies récentes pourront donc profiter aux parcelles qui présentaient déjà le meilleur potentiel et accentuer les écarts de rendement.
Les conditions climatiques particulièrement sèches de ce printemps ont diminué la durée de la floraison et ainsi réduit la taille des plantes. L'alternance du sec et de l'humification du couvert, à la suite des pluies d'orages récentes, risque de rendre la récolte délicate et d'augmenter le risque de verse.
« Pour préserver le potentiel de rendement et assurer la qualité des pois, nous recommandons d'intervenir dès que les graines atteignent 16 à 18 % d'humidité si le sol est suffisamment sec, appuie l'Unip. Cette période est très courte ! »
La perte d'humidité peut atteindre 3 points par jour par temps sec en fin de maturité. Il convient de surveiller chaque jour les parcelles. A ce stade, les tiges ont encore de la tenue, et le risque de pertes de graines au champ, de verse, de remontée de terre et de grains tachés est limité. La graine est aussi plus résistante aux chocs mécaniques lors du battage et des manipulations : il y a donc moins de grains cassés ou splittés et moins d'usure du matériel.
La norme de commercialisation des pois est de 14 % d'humidité, indispensable pour assurer une bonne conservation. Par conséquent, une ventilation continue, de jour comme de nuit, sera souvent nécessaire dans les jours qui suivront la récolte pour ramener rapidement les lots à 14 % d'humidité. C'est seulement si l'humidité des lots livrés dépassait 18 % qu'un séchage à air chaud pourrait s'avérer nécessaire.
L'Unip précise par ailleurs que les pailles de pois récoltées dans de bonnes conditions constituent un fourrage de qualité intermédiaire entre une paille de céréales et un foin de luzerne. La pénurie actuelle de fourrage devrait encourager la récolte des pailles de pois qui concerne habituellement de 5 à 50 % des surfaces selon les régions.
« Par ailleurs, la récolte exceptionnellement précoce du pois, avec des pluies localement abondantes ces derniers jours, peut offrir des opportunités pour réussir une deuxième culture avant le blé suivant : fourrage d'été en région d'élevage ou dérobée à cycle court (sarrasin, variétés très précoces de tournesol, soja ou sorgho) », ajoute l'Unip.
Les féveroles, plus tardives que les pois, bien que fortement raccourcies par la sécheresse précoce, pourraient bénéficier pleinement de ce retour de pluie. Etant donné le temps très sec du printemps, les maladies ont été peu présentes.
Du côté des ravageurs, des attaques précoces de pucerons verts (avant le début de la floraison) ont été signalées dans le Sud-Ouest et dans l'Ouest, avec des dégâts parfois importants pour les parcelles mal protégées. Des bruches ont également été observées très tôt en végétation, avant la floraison des féveroles de printemps. Les traitements ont démarré pour enrayer une pression assez forte cette année, notamment dans le Nord.