François Vinit, chargé des prévisions saisonnières à Météo-France répond à nos questions, sur les prévisions météorologiques pour les mois à venir et la sécheresse actuelle.
« Des prévisionnistes annoncent un été très sec. Quel crédit donner à ces affirmations ? Allons-nous vers une sécheresse plus grave qu'en 1976 ? »
« Affirmer que la sécheresse durera tout l'été est aujourd'hui impossible. La prévision saisonnière faite par Météo-France chaque mois est issue d'un groupe d'experts réunissant climatologues et océanographes. Car les océans qui interagissent avec l'atmosphère ont un rôle déterminant dans l'évolution du climat. A la différence de la prévision météorologique classique, la prévision saisonnière est une prévision probabiliste, d'où l'utilisation de plusieurs modèles avec des simulations multiples. Cette prévision donne une moyenne du temps qu'il fera sur l'ensemble du trimestre, sans aucun détail dans la chronologie du temps qu'il fera jour après jour. Au-delà de dix jours, aucun modèle de prévision n'est capable de prévoir le détail des situations météorologiques. A l'échelle du trimestre, nous ne pouvons donner qu'un signal climatique. Nous dégageons une probabilité de climats plus ou moins chaud, plus ou moins sec que la normale ou pas de scénario du tout. Et ceci à l'échelle de l'Europe. De juin à août, le scénario le plus probable est une température plus élevée que la normale mais rien ne se dégage sur le niveau des précipitations. Précisons aussi que la prévision saisonnière en France est plus fiable sur les températures que sur les précipitations. Elle est aussi plus fiable en hiver qu'en été. Prévoir la pluie à trois mois en été et pour la France avec un degré de confiance important reste une gageure. »
Avez-vous une explication à cet épisode chaud et sec que nous connaissons depuis maintenant trois mois ?
« Nous savons que ce qui se passe dans l'océan Pacifique équatorial, notamment un épisode froid de plusieurs mois, phénomène baptisé La Niña, a des répercutions sur la circulation atmosphérique au niveau de la planète entière. Les conséquences de ce phénomène sur le climat sont plus faciles à établir dans la ceinture intertropicale, en Amérique du Nord ou en Australie qu'en Europe où nous subissons aussi l'influence de l'océan Atlantique. Avec beaucoup de prudence, on pourrait évoquer le phénomène de La Niña pour expliquer l'étonnante stabilité des anticyclones dans le nord de l'Europe qui a bloqué les perturbations venant de l'ouest. »