Le procès de 12 militants anti-OGM, dont José Bové, poursuivis devant le tribunal de grande instance de Bordeaux pour avoir rendu impropre à la consommation un stock de maïs transgénique le 4 novembre 2006 à Lugos (Gironde), a été renvoyé jeudi au 27 août.
A la demande de la défense, le tribunal a prononcé le renvoi du procès peu après son ouverture, les avocats des prévenus estimant qu'ils n'avaient pas obtenu toutes les pièces nécessaires à la défense de leurs clients.
«Nous demandons le renvoi car nous n'avons eu que mardi l'ensemble des documents pour cette audience», a plaidé devant le tribunal, François Roux, un des trois avocats des 12 militants anti-OGM, affirmant qu'il y avait une «inégalité complète entre l'accusation et la défense».
«On a découvert en rencontrant mercredi soir nos avocats que toutes les pièces essentielles du dossier n'étaient pas là et c'est pour cela que l'on a demandé la disjonction ou le renvoi car nous n'étions pas dans la capacité de débattre de manière sereine», a déclaré José Bové à l'issue de l'audience.
Le tribunal n'a cependant pas répondu à la demande des avocats de «disjoindre» le procès des militants de celui de Marc Giblet, gérant de l'exploitation agricole, poursuivi pour «violences avec arme», pour avoir tiré ce jour-là un coup de fusil en présence des manifestants anti-OGM.
«Il me paraît difficile de disjoindre cette affaire car les faits me paraissent connexes et on ne peut la comprendre que si on l'aborde dans sa globalité», a indiqué le vice-procureur, Christian Lagarde. Il avait également demandé que l'affaire ne soit pas renvoyée, affirmant qu'elle était «complète».
Pour sa part, l'avocat de Marc Giblet, Gérard Frezal, a affirmé comprendre le renvoi de l'affaire car «le tribunal était confronté à un problème procédural sérieux».
Ce n'est pas le premier renvoi de cette affaire. Une première audience, prévue le 16 avril, avait déjà été reportée au 10 juillet, les avocats des militants anti-OGM ayant mis en cause l'envoi tardif de certaines convocations.
Le 4 novembre 2006, à la tête de 150 «faucheurs volontaires», José Bové avait mené ce jour-là une opération de «traçabilité des OGM» dans l'exploitation de M. Giblet: des militants avaient notamment versé de l'eau et un colorant naturel dans le silo de maïs OGM.
Cette opération avait provoqué la colère de l'exploitant, âgé d'une cinquantaine d'années, qui était alors arrivé sur les lieux et avait ouvert le feu avec un fusil de chasse alors que des militants étaient montés sur son silo, avant d'être désarmé par les manifestants.
A l'issue de ces événements, le leader altermondialiste ainsi que Marc Giblet avaient été placés en garde-à-vue à la gendarmerie.