Le tribunal correctionnel de Carcassonne a ordonné mercredi le renvoi sine die du procès de cinq militants anti-OGM, dont José Bové, poursuivis pour une action menée en 2006 chez le semencier Monsanto à Trèbes (Aude), et s'est dessaisi du dossier comme venait de le leur demander la défense.
«Le tribunal ordonne le renvoi sine die et demande la transmission du dossier au ministère public», a déclaré à l'issue d'un bref délibéré, peu après l'ouverture de l'audience, le président du tribunal Jean-Hugues Desfontaine, sous les applaudissements des personnes assistant à l'audience.
Le procureur de la République Jean-Paul Dupont avait auparavant demandé le renvoi du procès à une date ultérieure, arguant de la proximité du prochain Grenelle de l'environnement, où la question des OGM (organismes génétiquement modifiés) sera examinée en octobre.
Il avait estimé «opportun, préférable de renvoyer le dossier à une date ultérieure, dans l'attente du Grenelle de l'environnement, susceptible selon lui de permettre d'avoir un autre oeil sur le dossier».
«Les magistrats ont renvoyé le dossier à monsieur le procureur. Ils sont donc dessaisis. Le tribunal de Carcassonne pour l'instant n'est plus saisi de cette affaire», a commenté François Roux, l'avocat des cinq militants anti-OGM, se félicitant de cette preuve d'indépendance des magistrats.
«Aujourd'hui c'est une très grande victoire», a commenté José Bové, à l'annonce de la décision du tribunal. «Que l'Etat assume ses responsabilités jusqu'au bout et qu'il reprenne son dossier», a-t-il ajouté.
«Le gouvernement est coincé, il va falloir qu'il fasse quelque chose. La seule solution, comme on l'a toujours dit, c'est le moratoire» sur les OGM, a-t-il assuré.
Le leader altermondialiste et quatre autres militants anti-OGM étaient poursuivis pour entrave à la liberté de travail et dégradations après une action, le 13 avril 2006, chez le semencier Monsanto à Trèbes, près de Carcassonne.
Une centaine de personnes de la Confédération paysanne, des Faucheurs volontaires et de Greenpeace avaient alors pris d'assaut le site de Monsanto, en forçant les grillages ou en les escaladant pour entrer dans les hangars et y rechercher des semences transgéniques.
Prévu initialement le 7 mars dernier, le procès de Carcassonne avait été reporté au 19 septembre.