Les géants de l'agrochimie cherchent à enrôler des personnalités pour peser sur le processus de décision afin d'obtenir des autorisations de culture d'OGM, révèle un document dont l'AFP a obtenu une copie vendredi.
L'ancien ministre socialiste français Claude Allègre, l'ancien commissaire européen britannique Chris Patten, le chanteur irlandais Bob Geldof et l'ancien commissaire européen irlandais David Byrne ont « manifesté leur intérêt » à devenir « ambassadeurs » de la cause des OGM, précise ce document, un courriel daté du 5 octobre avec en-tête d'EuropaBio, l'association qui représente les intérêts de Monsanto, de BASF et des autres grands groupes du secteur en Europe. La lettre vante également les possibles adhésions de l'ancien secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, et du journaliste écologiste britannique Mark Lynas à cette initiative, dont le but est d'« aider l'Europe à revoir sa position sur les cultures d'OGM ».
Toutefois, Claude Allègre a fait savoir, vendredi par le biais de sa chargée de communication, « qu'il n'avait pas été contacté par l'association des groupes producteurs d'OGM ».
EuropaBio, contactée vendredi par l'AFP, n'a pas caché son embarras après la fuite de ce document classifié « confidentiel », mais a insisté sur le caractère parfaitement légal de l'initiative. « Il n'est pas question de rémunération. Les personnes contactées ont par le passé manifesté publiquement leur intérêt pour cette technologie », a souligné un de ses représentants. « Les adversaires des OGM font de même et il est légitime de vouloir mener un débat », a-t-il ajouté.
Un document annexé à ce mail est toutefois embarrassant pour EuropaBio. Il détaille en effet la méthode de travail proposée aux « ambassadeurs », avec cinq options : « une lettre ouverte au Financial Times dans laquelle les signataires appellent l'Europe à revoir sa position », des « rencontres avec les média arrangées par le secrétariat du programme et des articles placés dans des média », des « rencontres » et des « dîners débat » avec des responsables de l'Union européenne à Bruxelles.
« Pour assurer la légitimité et l'impact de ce programme, EuropaBio ou ses représentants ne prendront jamais part à ces activités », insiste le document. Et « il n'y aura aucune rétribution financière des ambassadeurs, mais EuropaBio fournira au secrétariat du programme des fonds pour couvrir les dépenses nécessaires, notamment les déplacements et les frais d'hôtel ».
Greenpeace a dénoncé « une campagne de relations publiques insultante pour les citoyens européens ». « Les organismes génétiquement modifiés ne résoudront pas le problème de la faim dans le monde. C'est un argument qui ne tient pas scientifiquement », a affirmé Marco Contiero, en charge des questions liées à l'agriculture pour Greenpeace UE.