La France a fait part lundi de ses «inquiétudes» face aux dernières propositions faites à l'OMC, et n'est pas favorable à une réunion ministérielle en juin, a indiqué lundi la secrétaire d'Etat française au Commerce extérieur.
Sur l'agriculture, «nous avons beaucoup d'interrogations qui sont des inquiétudes», tandis que sur les biens industriels, «ce qui nous semble clair à nous Français, c'est qu'il n'y a aucune amélioration à attendre en termes d'accès de nos produits industriels aux marchés des pays émergents», a dit Anne-Marie Idrac.
Il y a eu «la manifestation de beaucoup de questions et d'inquiétudes», avec «des tonalités différentes», a estimé Mme Idrac lors d'un point de presse, à l'issue de la présentation des nouveaux textes de compromis sur l'agriculture et l'industrie par le commissaire européen au Commerce, Peter Mandelson, aux ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne.
«Une majorité» de pays «ont exprimé des inquiétudes», selon elle.
«La France, la Pologne, l'Irlande et dans une moindre mesure la Lituanie ont vraiment des problèmes avec ce qui est sur la table», a expliqué pour sa part une source européenne.
Dans une déclaration, le ministre irlandais des Affaires étrangères Michael Martin a d'ailleurs jugé «inacceptables» les propositions actuelles.
En revanche, «la Suède et le Royaume-Uni sont les plus positifs», tandis qu'«au milieu, il y a une série d'Etats qui ont des préoccupations», mais «personne n'a suggéré le rejet» des négociations, a indiqué la source européenne.
La France, comme l'Irlande, ont en revanche indiqué qu'elles n'étaient pas favorables à la tenue rapide d'une réunion des ministres sur ces sujets. Une telle réunion est envisagée pour juin, afin de tenter de finaliser les détails complexes de l'accord avant la fin de l'année et l'arrivée d'un nouveau président américain à la Maison-Blanche, susceptible de tout remettre en cause.
«On a l'impression que les conditions sont moins que jamais réunies pour une réunion ministérielle à court terme qui serait conforme aux intérêts européens», a indiqué Mme Idrac, même si «les négociations continuent».
«Ce que nous proposons (...) c'est de sécuriser les intérêts agricoles, qui ne le sont pas encore et de remettre à plat» le texte sur l'industrie, a-t-elle ajouté. L'Irlande a dit «douter que les conditions soient réunies pour une réunion ministérielle en juin», tandis que la Suède a en revanche appelé à une «conclusion rapide de la négociation», selon la même source européenne.
Le commissaire au Commerce s'est quant à lui félicité d'avoir reçu le soutien d'une «majorité écrasante d'Etats membres pour continuer» les négociations.
L'OMC a présenté la semaine dernière des nouveaux textes de compromis sur l'ouverture des marchés agricoles et industriels, censés servir de cadre à un possible accord dans le cadre du cycle de Doha, lancé en 2001, mais qui bute sur de nombreuses difficultés.
Les négociations opposent principalement les pays du Sud aux pays du Nord. Les premiers dénoncent les subventions agricoles et protections douanières des pays riches, tandis que ces derniers demandent aux Etats émergents d'ouvrir davantage leurs propres marchés aux services et aux produits industriels.