Le directeur général de l'OMC, Pascal Lamy, a mis les 153 pays membres au pied du mur, lundi, leur signifiant que le temps pressait de transformer leurs paroles en actes s'ils veulent conclure le cycle de Doha en 2010 comme ils l'ont promis.
«Le moment de vérité, c'est-à-dire le moment où vous aurez à décider si la conclusion (du cycle de Doha, NDLR) en 2010 peut être atteinte, approche à grande vitesse», a prévenu Pascal Lamy en ouvrant la septième conférence ministérielle de l'OMC, devant un parterre de plus de 100 ministres du monde entier.
«Les dirigeants politiques sont pratiquement unanimes à assurer qu'ils veulent conclure en 2010, mais il ne suffit pas de le réaffirmer», a-t-il ajouté. «Ce qu'il faut maintenant, c'est agir, agir de manière concrète et pratique pour éliminer les dernières divergences» a-t-il appelé, insistant: «Le temps presse.»
Selon le directeur de l'OMC, les négociations ont jusqu'à présent permis un accord sur 80% des questions abordées par le cycle de Doha de libéralisation des échanges, lancé en 2001. Les 20% restants étant subordonnés, selon lui, à la volonté politique des pays membres.
Les négociations sont toutefois au point mort depuis plusieurs mois dans l'attente notoire d'une position claire des Etats-Unis.
Compte tenu de cette paralysie, le directeur de l'OMC a jugé plus sage de ne pas consacrer à des négociations la septième conférence ministérielle réunissant les 153 pays membres de l'organisation du 30 novembre au 2 décembre 2009.
Le sujet reste toutefois au centre de la rencontre. Une centaine de pays en développement ont appelé, à mots à peine voilés, Washington à s'engager plus fermement dans les pourparlers.
Ces pays sont devenus de fervents défenseurs du cycle devant ouvrir les barrières douanières pour des milliers de produits et réduire considérablement des subventions agricoles américaines et européennes.
Avec la crise, la conclusion du cycle est devenue encore plus cruciale, ont-ils argué dimanche, reprenant une position largement défendue par Pascal Lamy.
Les 19 pays exportateurs agricoles du groupe de Cairns (Argentine, Brésil, Canada...) se sont également dits déçus, lundi, à Genève, par le manque de progrès dans les négociations agricoles de Doha.
«Le système commercial multilatéral a aussi été mis à l'épreuve comme jamais auparavant. Il n'a pas flanché et a démontré sa valeur», a encore expliqué lundi le directeur du gendarme du commerce mondial, faisant valoir que «l'OMC peut aussi être un élément important du dispositif de sortie de crise», y compris pour les plus pauvres.