La ministre de l'Agriculture Christine Lagarde a affirmé jeudi qu'un veto français était tout à fait possible dans les négociations à l'OMC, si les intérêts agricoles français n'étaient pas respectés.
Mardi, le président Nicolas Sarkozy avait déjà menacé d'opposer un veto à un accord à l'OMC, mais les experts commerciaux s'interrogent sur la possibilité technique d'un tel veto.
«Il n'y a pas besoin de faire d'exégèse sur la terminologie utilisée par le président de la République, les veto auxquels on peut penser sont parfaitement clairs», a déclaré Mme Lagarde devant des journalistes à Bruxelles, après avoir rencontré les commissaires au Commerce Peter Mandelson et à l'Agriculture Mariann Fischer Boel.
«Un certain nombre de veto sont disponibles dans l'arsenal et dans la boîte à outils communautaire et de l'OMC». «Ils constituent la palette des outils dont dispose la France dans le cadre d'un processus d'élaboration d'accord multilatéral», a-t-elle poursuivi, sans davantage de précision.
Mme Lagarde s'est au demeurant montrée circonspecte sur d'éventuels progrès dans les négociations du cycle de Doha.
«Nous ne pourrons apprécier» de réels progrès «que lorsqu'on aura véritablement des éléments chiffrés, précis, indiquant un équilibre et une réciprocité» des concessions entre les différents partenaires, a-t-elle dit.
«L'équilibre général» et la «réciprocité» «ne me paraissent pas avérés en l'état actuel», a-t-elle ajouté.
«L'agriculture est stratégique pour la France» et «il n'est pas question de brader l'agriculture pour une poignée de tarifs douaniers», a insisté Mme Lagarde.
De son côté, le président de la Commission européenne José Manuel Durao Barroso a affirmé qu'il n'y aura pas d'accord dans les négociations à l'OMC si l'Union européenne est la seule à faire des concessions sur les subventions agricoles.
«L'Union européenne a joué cartes sur table. Les autres doivent offrir de vraies réductions en échange des vraies réductions» offertes par les Européens, a-t-il réaffirmé à l'ouverture du Forum économique de Bruxelles organisé par la Commission européenne.
«Nous disposons de semaines, pas de mois» pour obtenir un «cycle de Doha ambitieux et équilibré», a rappelé M. Barroso, en indiquant qu'il défendrait cet objectif lors du prochain sommet du G8 en Allemagne début juin.