Le président Nicolas Sarkozy a affirmé mardi, au cours d'une rencontre avec des agriculteurs en Seine-Maritime, que «la France mettra(it) son veto» lors des négociations commerciales de l'OMC si les intérêts agricoles français étaient menacés.
«Dans les négociations de l'OMC, s'il y a des efforts à faire, que tout le monde les fasse. Pour l'instant, je ne vois pas les efforts que sont disposés à faire les Etats-Unis», a-t-il dit en citant également l'Inde et le Brésil.
«Si on ne comprend pas ça à la table de l'OMC, la France mettra son veto», a-t-il ajouté.
«Je ne suis pas disposé à échanger l'agriculture contre les services dans le cadre des négociations de l'OMC. On ne peut pas continuer à négocier comme cela», a déclaré M. Sarkozy.
«Je suis totalement déterminé à défendre l'agriculture comme un élément de la puissance économique de notre pays», a-t-il poursuivi. Il a également assuré que «l'agriculture a(vait) un avenir», à l'attention des jeunes agriculteurs désireux de s'installer.
Mercredi dernier, en déplacement à Bruxelles, M. Sarkozy avait assuré: «Si les autres parties veulent faire des concessions pour obtenir un accord (à l'OMC), je dis d'accord, car un accord vaut mieux qu'un désaccord.» Il avait toutefois souligné qu'il n'avait pas «reçu mandat pour brader l'agriculture européenne et l'agriculture française».
L'Europe «a un grand intérêt à un accord» dans les négociations de Doha à l'OMC mais «pas à n'importe quel prix», a réaffirmé mardi le commissaire européen au Commerce Peter Mandelson, en réaction à la menace du veto français brandie par le président Sarkozy.
«Si les autres (participants) ne peuvent pas faire un effort proportionné à l'offre européenne, je n'aurai d'autre alternative que de revoir ce que l'Europe a mis sur la table», a expliqué M. Mandelson.
M. Mandelson négocie, en vertu d'un mandat, sous le contrôle du conseil des ministres de l'UE dans lequel chaque pays peut faire valoir ses «intérêts vitaux».
«Au moins, M. Sarkozy semble favorable à un accord équilibré alors que (Jacques Chirac) était opposé à tout type d'accord», a commenté une source communautaire.
Sur le plan légal toutefois, la «capacité de la France à exercer un droit de veto dépend du contour final d'un (éventuel) accord» bouclant le cycle de Doha, a rappelé cette source.
Sur le volet agricole, la position de l'Europe sera arrêtée entre les 27 à la majorité qualifiée, mais «s'il y a dans l'accord une forte composante sur les services, la réponse n'est pas claire», ajoute la même source. Certains domaines, tels les droits de propriété intellectuelle, relèvent en effet d'une décision à l'unanimité.
Un autre point classique de désaccord entre Bruxelles et Paris porte sur le recours à l'unanimité pour valider des accords intermédiaires, défendu par la France, ou seulement en fin de négociations sur «l'engagement unique» couvrant toutes les dimensions du cycle, comme le prétend la Commission.