Le Brésil a accusé mercredi les pays développés d'être injustes vis-à-vis du monde en développement dans les négociations à l'OMC sur la libéralisation des échanges.
Le principal négociateur brésilien, Roberto Azevedo, a reproché aux pays riches de vouloir imposer à ceux du Sud des baisses de droits de douane sur les produits industriels, tout en s'autorisant des échappatoires en ce qui concerne le commerce des produits agricoles.
«Les Etats-Unis, l'UE et les autres pays développés choisissent ce qui leur plaît dans le texte sur l'agriculture (proposé par l'OMC) et rejettent ce qui ne leur plaît pas. D'un autre côté, ils attendent que les pays en développement acceptent le texte sur les produits industriels en leur disant ''c'est à prendre ou à laisser''», a déclaré Roberto Azevedo. «C'est franchement injuste, déraisonnable et irrationnel», s'est-il insurgé.
Les deux principaux négociateurs de l'OMC pour l'agriculture et les produits industriels ont déposé en juillet des textes destinés à boucler le cycle de négociations de Doha.
Le directeur général de l'OMC, Pascal Lamy, espère parvenir à un accord sur les grandes lignes de la négociation avant la fin de l'année. Dans le rapport qu'il a fait sur le cycle de Doha au Conseil général le 9 octobre il a estimé que «nous avons retrouvé un bon rythme dans nos travaux et il s'agit maintenant de l'intensifier durant les jours et semaines à venir». «Aujourd'hui plus que jamais, le temps joue contre nous», a-t-il averti.
Tout en se disant optimiste sur le fait de parvenir à un tel résultat, Roberto Azevedo a estimé que les Etats-Unis s'efforçaient de faire porter à d'autres la responsabilité d'un éventuel échec des négociations.
«Cela revient à faire croire à l'opinion publique que les Etats-Unis et l'UE ont fait des concessions importantes et que ce sont les pays en développement qui traînent des pieds», a-t-il dénoncé.
Il a fait valoir que le texte sur l'agriculture tel qu'il est proposé permettrait à un pays comme la Norvège de maintenir des crêtes tarifaires de l'ordre de 800% sur certains produits d'importation actuellement taxés à 3.000%.
En revanche, en ce qui concerne les produits industriels, les propositions de l'OMC signifieraient de véritables baisses des droits de douane pour les pays en développement, a-t-il estimé.
Selon Roberto Azevedo, ces propositions pourraient ramener la moyenne des droits de douane brésiliens à 13,9% contre 35% actuellement déclaré à l'OMC et 10,5% selon le tarif effectivement pratiqué par les douanes brésiliennes. Mais les droits les plus élevés, comme ceux appliqués à l'automobile, seraient réduits de façon significative, a estimé le négociateur.
