Les pays émergents (G20) ont bien accueilli vendredi les dernières propositions de l'OMC pour libéraliser le commerce agricole, mais se sont montrés plus réservés en ce qui concerne l'ouverture des marchés aux produits industriels.
Le projet d'accord agricole présenté il y a une semaine «est une bonne base de travail», a déclaré l'ambassadeur du Brésil, Clodoaldo Hugueney, s'adressant aux pays membres en tant que porte-parole du G20.
Le texte, qui a repris plusieurs propositions du G20, «offre les meilleures chances de parvenir à un résultat équilibré et raisonnable» dans les négociations du cycle de Doha, a-t-il déclaré.
L'ambassadeur s'est félicité de l'inclusion dans le projet d'accord d'une réduction minimale moyenne de 54% des droits de douane que perçoivent les pays développés sur leurs importations agricoles, proposée à l'orgine par le G20, qui réunit, outre le Brésil, de grands pays émergents comme l'Inde et la Chine.
Les pays émergents sont cependant moins satisfaits du dernier projet concernant les produits industriels, estimant qu'il a «largement ignoré leurs propositions», a déclaré M. Hugueney.
«Cela a créé une réaction négative», a-t-il estimé.
Ce texte appelle une trentaine de grands pays émergents à ramener dans une fourchette maximale de 19% à 23% leurs droits de douane sur les produits industriels. Sa dernière version a supprimé toute référence au nombre de produits qu'un pays pourra préserver d'une baisse trop forte des droits de douane.
«Cela donne le sentiment d'être retourné en arrière», a déploré M. Hugueney.
L'OMC prévoit de réunir les ministres des pays membres en avril pour procéder à des concessions Nord-Sud entre l'agriculture et les produits industriels. L'objectif est de parvenir à boucler l'ensemble de la négociation de Doha avant la fin de l'année.
Depuis Bruxelles, l'Union européenne a critiqué vendredi les nouveaux textes proposés, estimant qu'ils «ne sont pas assez équilibrés entre biens agricoles et industriels» et sont insuffisants dans les services.
Sur l'agriculture, les pays développés «ne sont pas très contents», a déclaré à Genève un diplomate sous couvert de l'anonymat. «Les nouvelles propositions érodent un peu plus les positions des pays défensifs et donnent un peu plus de munitions aux pays offensifs.»
Pour les produits industriels, le nouveau projet, plus souple, vise clairement à «amener les plus radicaux des pays émergents comme l'Argentine et l'Afrique du Sud à accepter de négocier», a-t-il ajouté.
Selon un ambassadeur occidental, les pays émergents devront accepter des pourcentages de baisse de leurs droits de douane d'autant plus forts qu'ils voudront préserver davantage de produits sensibles.
A propos des services, les pays développés souhaitent réunir à Genève les Etats membres les plus directement concernés par le dossier pour qu'ils présentent «des indications concrètes sur les promesses de libéralisation qu'ils pensent inclure dans leurs offres» d'ouverture des marchés, a indiqué jeudi un porte-parole européen.
Le médiateur chargé des services a reconnu mercredi la persistance «d'importantes divergences». Il a dû laisser en blanc la date à laquelle les participants remettront leurs offres révisées, faute de consensus sur ce point.