Dans les négociations à l'OMC, «fixer les derniers paramètres ne sera pas facile d'ici à l'automne. Je contrôlerai mes nerfs, j'espère que les autres le feront aussi. Les Etats membres doivent rester calmes et faire confiance à leurs négociateurs», a souligné le commissaire européen au Commerce, Peter Mandelson, dans une interview au quotidien Le Monde daté de dimanche-lundi..
Interrogé sur les réticences françaises concernant le secteur agricole, il répond qu'«il est nécesssaire de préserver une agriculture forte en Europe. Le meilleur moyen d'y arriver ne consiste pas à appliquer des droits de douane élevés, ou à accorder des subventions qui faussent le commerce mondial, mais de mener les réformes qui renforcent le secteur».
Le commissaire européen affirme qu'il va «continuer à négocier pour défendre l'intérêt européeen en vue d'atteindre un résultat équilibré». Les textes proposés la semaine dernière par l'OMC «ne sont pas définitifs. Je ne suis pas d'accord avec tout ce qu'ils contiennent », ajoute-t-il.
Selon le principal négociateur de l'UE, «si vous prenez les fourchettes chiffrées dans les propositions de Genève, tout le monde doit faire un effort, mais personne n'est poussé au delà de ses limites».
Le directeur général de l'OMC, Pascal Lamy, a quant à lui affirmé vendredi, dans un entretien à la chaîne de télévision France 24, que les négociations sur le cycle de Doha n'en sont «pas encore au moment du spasme final», mais «quelque part aux alentours des deux tiers et de 80% de ce long chemin».
Il ajoute que la proposition de compromis présentée mardi par l'OMC à ses 151 pays membres est «une étape», qui, si elle sert de base aux discussions qui reprendront en septembre, permettra peut-être d'arriver vers la fin de ce cycle.
Pour Pascal Lamy, si le cycle de Doha échoue, les négociations bilatérales, qu'il qualifie de «loi de la jungle», viendront se substituer aux négociations multilatérales, et les grands acteurs (Etats-Unis, Union Européenne, Japon, Chine, Inde,...) en sortiront vainqueurs aux dépens des pays pauvres.
Le secrétaire d'Etat français au Commerce extérieur, Hervé Novelli, a estimé lundi que les dernières propositions pour relancer les négociations à l'OMC étaient insuffisantes pour parvenir à un accord.
«Le compte n'y est pas. Nous sommes assez préoccupés et assez inquiets des propositions offertes à la négociation», a-t-il déclaré lors d'un point presse à Bruxelles.
Ces propositions «permettront de continuer les discussions», mais «elles sont très éloignées (de ce qu'elles devraient être, ndlr) pour pouvoir obtenir un accord», a-t-il expliqué.
Hervé Novelli a souligné que sur le volet agricole, la France était insatisfaite des propositions sur les «produits sensibles». «Il y a encore beaucoup de travail à faire pour un accord global», a-t-il conclu.