La Commission européenne a rappelé à la France son obligation d'assurer la survie de l'ours brun des Pyrénées, en voie d'extinction, une déclaration diversement interprétée par ses défenseurs et ses détracteurs.
Cette prise de position intervient alors que la France a renoncé au printemps à lâcher une ourse dans le Béarn, comme initialement programmé dans une logique de maintien de la biodiversité.
« La France a l'obligation de prendre toutes les mesures pour permettre un état de conservation de l'ours dans les Pyrénées », a rappelé le commissaire chargé de l'Environnement Janez Potocnik dans une réponse écrite le 4 juillet à une question de l'eurodéputée française des Verts Sandrine Bélier et rendue publique par l'élue mardi.
« Les lâchers effectués par la France dans la partie centrale des Pyrénées ont permis de reconstituer progressivement une population », a souligné le commissaire.
« La décision probable de la France de lâcher une femelle dans le noyau occidental qui ne comporte que des mâles est donc une mesure positive », a-t-il estimé, même si le gouvernement français a fait machine arrière.
Les plus ardents promoteurs de l'ours sont heureux du positionnement de Bruxelles, qui a « rappelé à la France son obligation de restaurer une population viable dans les Pyrénées, ce qui passe par le lâcher d'au moins 17 ours (estimation des services de l'Etat) », se réjouit Alain Reynes, directeur de l'association Pays de l'Ours-Adet.
M. Potocnik reconnaît toutefois que « c'est à chaque Etat de décider des mesures à prendre pour atteindre l'état de conservation favorable ».
Mais l'ours brun est protégé par la législation européenne sur l'habitat et la Commission européenne peut traduire un Etat devant la Cour européenne de justice de Luxembourg si elle juge que les mesures mises en œuvre pour assurer cette protection sont « insuffisantes ».
La France a ainsi été condamnée par la Cour européenne de justice pour ne pas avoir pris les mesures suffisantes pour protéger le grand hamster d'Alsace.
La prise de position de la Commission est une mise en garde pour la ministre de l'Ecologie Nathalie Kosciusko-Morizet, qui vient de décider de renoncer au lâcher de cette femelle ours pour – selon ses services – ne pas accabler les éleveurs déjà touchés par la sécheresse.
Pour le lobby anti-ours, la déclaration du commissaire à l'Environnement n'est pas inquiétante. « Les amis des ours ne savent plus à quel saint se vouer, ironise Philippe Lacube, président de l'Association pour le développement durable de l'identité des Pyrénées (Addip). En France, ils vont d'échec en échec, alors ils se tournent vers madame Europe », estimant que Sandrine Bélier milite pour leur cause.
« En l'état actuel de la législation, la Commission européenne ne peut pas contraindre la France à procéder à des réintroductions d'ours », assure Bruno Besche, vice-président de l'Addip.
Pour les détracteurs de l'ours, la présence de l'animal est incompatible avec le pastoralisme et, plus globalement, avec le développement de l'économie locale. Il reste une vingtaine d'ours dans les Pyrénées.