En marge de la réunion informelle des 27 ministres de l'Agriculture, le 21 septembre 2010 à La Hulpe (Belgique), sur la réforme de la Pac après 2013, un groupe d'organisations représentant la société civile européenne a demandé que soient pris en compte « les défis et les attentes des consommateurs et des agriculteurs, tant au niveau européen qu'au niveau mondial ».
Ce groupe compte parmi les 335 organisations qui ont signé en mars 2010, « la déclaration alimentaire européenne », manifeste qui propose « douze principes clairs pour une nouvelle politique agricole et alimentaire commune ».
Pour assurer la sécurité alimentaire au niveau européen et mondial, le document prône une régulation des marchés des matières premières et une nouvelle éthique commerciale : les Etats doivent s'engager à ne plus exporter de produits à des prix inférieurs aux coûts de production du pays exportateur. A l'autre bout de la chaîne, les pays importateurs doivent aussi avoir la possibilité d'instaurer des droits de douane pour éviter des importations à des prix inférieurs à leurs coûts de production.
Pour assurer un revenu aux agriculteurs, le document réclame des prix de marché « stables et justes » plutôt que des aides directes. Pour y parvenir, les organisations proposent trois actions :
- introduire des instruments de maîtrise de la production et de régulation des marchés pour éviter les excédents structurels ou les pénuries, sources de volatilité des prix,
- éviter les importations à bas prix
- mettre fin à la surintensification de la production.
En parallèle, les organisations reconnaissent l'utilité des paiements directs pour soutenir les petites exploitations et celles qui doivent faire face à des coûts de production plus élevés car situées dans des zones défavorisées.
Pour protéger l'environnement, elles proposent notamment le respect par toutes les exploitations, de normes utilisant moins d'énergie, d'intrants chimiques, d'eau, émettant moins de carbone, protégeant la biodiversité et la santé, respectant le bien-être animal. Et pour celles qui iraient au-delà, un soutien incitatif.
Les 335 organisations appellent aussi à une modification des pratiques agricoles. Par exemple, l'utilisation des nitrates doit être réduite par des rotations associant la culture de légumineuses. Les bovins doivent retourner dans les pâturages, dont le sol stocke bien le carbone. L'agriculture biologique doit être promue. Un soutien doit être accordé pour passer à des modes production porcins et avicoles extensifs bien gérés, tels que la production à partir de bâtiments avec accès libres à l'extérieur. La promotion, l'utilisation et la production d'agrocarburants industriels doivent être stoppées.
Le document propose également d'augmenter la demande pour une alimentation locale de qualité et à haute valeur nutritionnelle, produite avec des normes de production élevées par un soutien direct à la restauration collective. Ou encore, d'inventer des mesures de soutien à l'emploi rural et à l'accès à la terre.
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