Le Groupe Pac 2013 (1) vient de sortir un « Guide pratique de la politique agricole commune ».
Contribution au débat européen, il vise à faire comprendre comment la Pac fonctionne, ses impacts sur l'emploi, le revenu, l'environnement et les pays du Sud et, enfin, les enjeux de la réforme après 2013.
« C'est déjà une confrontation des positions d'organisations très différentes », a tenu à souligner Geneviève Savigny, secrétaire nationale de la Confédération paysanne, lors d'une conférence de presse organisée à l'Assemblée nationale le 3 février 2011.
« Ce qui nous a réunis, c'est la reconnaissance des agriculteurs et notre engagement en faveur de la Pac, a renchérit Bernard Cressens, conseiller auprès de WWF France. Si elle n'est plus légitime, elle a réussi à remplir le rôle qui lui était assigné, nourrir l'Europe. Ce que nous réclamons aujourd'hui n'est pas une révolution, mais une évolution, un virage. Certains agriculteurs ont déjà des systèmes agricoles intéressants. Or, ce ne sont pas ceux-là qui bénéficient de la Pac. »
Pour lui, « les agriculteurs conventionnels ne peuvent plus défendre la Pac. Sans l'engagement du Groupe Pac 2013, il n'y aurait plus de Pac ».
Le Groupe Pac 2013 propose un nouveau contrat social entre les citoyens et les agriculteurs, qui soit à la fois environnemental et économique. « Nous sommes contre le verdissement idiot », ont-il tenu à assurer.
Leur contrat se fonde sur deux principes :
- « Pollueur-payeur ». Le groupe propose comme socle de base, le respect des normes BCAE.
- une composante écologique importante : la reconnaissance des services rendus par les agriculteurs aux écosystèmes. Cette transition ne se fera pas sans la recherche, en agronomie, mais aussi en microbiologie du sol par exemple.
Le Groupe Pac 2013 est bien conscient que derrière ses propositions, il ne faut pas oublier les conditions socio-économiques des exploitants. Il doit donc transmettre à Dacian Ciolos, le commissaire européen à l'Agriculture, une proposition concrète d'architecture des premier et deuxième piliers de la Pac 2014-2020.
« Les crises sanitaires, les algues vertes ou encore les nitrates font désordre », a souligné Marc Dufumier, membre du comité de veille écologique de la fondation Nicolas Hulot. Nous prônons une agriculture plus verte, c'est-à-dire qui procure une alimentation saine, un environnement agréable et qui prenne mieux en compte l'agronomie et l'emploi. »
Le Groupe Pac 2013 se prononce clairement en faveur de l'installation des jeunes et d'une « agriculture intensive en travail ».
Leur proposition se décline en deux points :
- la mise en place de stocks régulateurs afin de réduire la volatilité des prix. « Il n'est pas question de revenir à des stocks pléthoriques », a souligné Marc Dufumier. Mais l'on n'échappera pas à la nécessité de faire des stocks les années excédentaires, pour les années déficitaires. »
- la reconquête de l'autonomie européenne en protéines végétales. « Il y a urgence à inciter les agriculteurs, à leur donner les moyens de passer à des systèmes vertueux », a indiqué Marc Dufumier.
Ces propositions ne sont envisageables qu'à budget constant (au minimum). « Il va falloir les accompagner de politiques publiques de l'alimentation et sociale », ont-ils estimé.
Concernant la proposition de Nicolas Sarkozy de faire une deuxième version du bilan de santé de Pac dès 2011 afin de soutenir les éleveurs en difficulté, le Groupe Pac 2013 n'y est pas opposé à condition de faire mieux que le plan Barnier. « En recouplant vers des productions conformes à nos demandes, telles que l'agriculture biologique, les prairies ou les légumineuses », ont-ils précisé. Mais certains des membres du groupe redoutent, qu'en cette période d'élections, « on ne fasse de la démagogie ».
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(1) Plate-forme de travail française qui associe les organisations d'agriculteurs (Confédération paysanne) et des associations de solidarité internationale, de développement durable et de protection de l'environnement (FNE, WWF France, Fondation Nicolas Hulot...) sur l'avenir de la Pac.