«L'Agriculture est un secteur trop stratégique pour qu'on le laisse aux seules forces du marché», a déclaré vendredi le ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire, à l'issue de sa première entrevue à Bruxelles avec le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso.
«Nous avons vu avec le secteur financier ce qui se passe lorsqu'on laisse les seules forces du marché agir», a-t-il ajouté. Donc, «nous devons mettre autant de régulation dans l'agriculture que dans le secteur financier».
Bruno Le Maire a prévenu que ce serait «le fil rouge» de l'action de la France dans les années qui viennent, surtout en vue des discussions sur l'avenir de la Pac et de son futur budget.
Le maintien d'instruments de régulation forts, qu'il n'a pas voulu détailler à ce stade, doit permettre de garantir un «revenu stable et décent» aux agriculteurs, a dit le ministre, en jugeant que la volatilité actuelle n'était pas «viable».
Pour autant, le ministre a confirmé une inflexion de la position française par rapport à son prédécesseur Michel Barnier sur un point important: l'avenir des quotas laitiers en Europe. Bruno Le Maire n'entend plus se battre pour les maintenir coûte que coûte.
«Sur les quotas, je suis pragmatique», a-t-il dit, suggérant qu'ils n'étaient pas forcément responsables de la chute actuelle des prix du lait, contrairement à ce qu'affirment de nombreux agriculteurs, et qu'il convenait «de trouver d'autres solutions» pour faire remonter les tarifs.
Le ministre a repris partiellement à son compte un argument de la Commission en reconnaissant que sur un quota annuel alloué à la France de 25 milliards de litres de lait en 2009-2010, le pays n'en utiliserait que 23 milliards.
De ce fait, «les quotas ne seront pas remplis, et donc les quotas ne sont pas une solution à la crise», a dit le ministre.
Il a par ailleurs indiqué avoir confirmé à José Manuel Barroso «le soutien sans ambiguïté» du président français Nicolas Sarkozy à une reconduction du Portugais à la tête de la Commission européenne.
Une mise au point intervenant alors que le Parlement européen, qui doit se prononcer sur la question, veut retarder sa réponse à l'automne, suscitant l'incertitude sur le sort de José Manuel Barroso.
Lire également: