La commission de l'agriculture du Parlement européen a lancé un débat sur la réforme de la Pac de 2013 avec une audition publique d'experts, mercredi.
La plupart des intervenants (députés, représentants des agriculteurs et universitaires) préconisent de conserver la politique agricole au niveau européen, rejetant une renationalisation et l'introduction d'un cofinancement par les Etats membres, qui pourrait signifier la fin de la Pac, explique un communiqué du Parlement. Une majorité des participants ont également préconisé l'introduction d'outils pour freiner la volatilité des prix.
La Pac doit être faite « plus juste, plus verte et plus durable », a affirmé l'eurodéputé britannique George Lyon, auteur d'un projet de résolution du Parlement sur l'avenir de la politique agricole. Elle doit assurer le revenu des agriculteurs et à assurer une égalité de traitement dans les nouveaux États membres, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui, a-t-il également souligné.
George Lyon a souhaité que les agriculteurs puissent avoir plus de pouvoir dans le marché. Il a aussi souligné la question cruciale de la volatilité des marchés, estimant nécessaire que l'UE dispose d'outils pour intervenir en cas de crise.
L'eurodéputé français Michel Dantin a souligné que les normes de haute qualité mises en place par l'UE pour sa production alimentaire ont un prix, ajoutant que la future Pac doit répondre aux préoccupations environnementales et « gagner le soutien public ».
L'UE doit donner aux agriculteurs la stabilité dont ils ont besoin pour prévoir et investir, a déclaré Peter Kendall, de la NFU (National Farmers Union), principal syndicat agricole britannique. Il a également affirmé que les aides directes constituent une question clé, mettant en avant qu'elles permettent aux agriculteurs de faire face aux changements du marché.
Le vice-président du Copa-Cogeca (syndicats agricoles et coopératives de l'UE), Gerd Sonnleitner, a mis en avant que pour la nouvelle Pac, « il n'est pas possible de se fonder exclusivement sur le marché ». Les citoyens estiment que la Pac est coûteuse, a-t-il également observé, estimant que les bénéfices apportés par l'agriculture à la société ont besoin de plus de visibilité.
La plupart des intervenants ont convenu que l'actuel régime de paiement unique (RPU) est inéquitable dans la distribution des fonds, tant entre les États membres et entre les agriculteurs. Le RPU « a été considéré comme un droit au financement public », a déclaré Louis-Pascal Mahé, professeur à Agrocampus Rennes, ajoutant qu'il ne constitue pas des « incitations pertinentes à fournir des produits de la société a besoin ».
La commission de l'agriculture va poursuivre ses travaux sur la réforme de la Pac. Un débat avec le commissaire européen à l'Agriculture, Dacian Ciolos est notamment prévu le 12 avril 2010.
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