Après l'appel de Paris lancé à l'initiative de Bruno Le Maire par 22 Etats membres, le ministre de l'Agriculture français veut engager «une discussion à 27 sur la base d'un Pac forte». «Je ne me laisserai pas enfermé dans un débat budgétaire, un débat pipé d'avance», a-t-il indiqué devant les chambres d'agriculture réunies à Paris le 17 décembre 2009. «Nous devons examiner sans tabous les instruments d'intervention existants ou nouveaux.»
En France, il se propose de mettre en place dès le mois de janvier un groupe de réflexion sur la régulation des marchés après 2013, composé d'agriculteurs, d'associations environnementales, de chercheurs et d'experts des marchés.
Pour développer une nouvelle régulation européenne «forte» des marchés agricoles, le ministre a aussi demandé que le Groupe à haut niveau mis en place par la Commission européenne présente l'avancée de ses réflexions sur les instruments de régulation du marché du lait dès janvier 2010. Le rapport final est prévu pour juin.
Rappelant également que la France est un défenseur historique de la régulation, il a avoué qu'il allait falloir «se battre» car tous les Etats membres n'y sont pas favorables. «L'enjeu est stratégique et la question, claire: souhaitons-nous conserver l'agriculture et donc notre sécurité alimentaire en France et en Europe? Pour moi, il n'y a qu'une seule réponse: c'est oui.» Le ministre de l'Agriculture a déclaré vouloir poursuivre son «action diplomatique».
En parallèle de ces réflexions françaises et européennes, Bruno Le Maire souhaite aussi un débat sur une nouvelle régulation mondiale des marchés, pour limiter la volatilité des prix agricoles, éviter la spéculation sur les terres agricoles et relever le défi du développement durable.
De retour de Cophengue, le ministre sait que l'agriculture doit contribuer à lutter contre le changement climatique, mais que les agriculteurs ne peuvent pas en assumer seuls les coûts. «En dix ans, l'agriculture a réduit de 12% ses émissions de carbone, a-t-il rappelé. Arrêtons avec le slogan agriculteurs-pollueurs. Les agriculteurs sont des acteurs du développement durable et aussi les premières victimes du changement climatique.»
«Nous serions bien naïfs, j'allais dire bien stupides, au moment où l'alimentation de la planète est un problème majeur et auquel nous n'avons pas de réponse, de laisser tomber la Pac et ne pas accorder le soutien nécessaire à nos propres agriculteurs», a conclu le ministre.