Les syndicats agricoles ont marqué leur opposition aux principales propositions dévoilées mardi par la Commission européenne dans le cadre du bilan de santé de la Pac de 2003.
«Ces propositions finissent la boucle de l'abandon de tout mécanisme de régulation des marchés. Il faut que la présidence française de l'Union européenne (UE) au second semestre attaque le débat de fond sur la politique agricole après 2013», a déclaré Jean-Michel Lemétayer, le président de la FNSEA, lors d'une conférence de presse.
Il a d'autre part mis en garde Nicolas Sarkozy contre «le piège» d'un accord à l'OMC pendant la présidence française, craignant que le président français n'ose pas s'opposer à la volonté du commissaire européen au Commerce, Peter Mandelson, de conclure un accord.
Pour Jeunes Agriculteurs (JA), «la question de la sécurité alimentaire prouve à quel point la sauvegarde d’un système de régulation des marchés agricoles demeure primordiale». «Or dans le même temps, la Commission européenne propose dans le cadre du bilan de santé de la Pac de déréguler à tous crins, en menaçant le renouvellement des générations en agriculture», regrettent-ils.
«L’Europe et les pays touchés par la crise alimentaire doivent avoir une position commune à l’OMC: toutes les agricultures du monde doivent pouvoir se protéger», affirme Philippe Meurs, président du syndicat.
L'union des grandes cultures, Orama (AGPB, AGPM, Fop), affirme dans un communiqué que «la Commission européenne fait preuve d’un dangereux irréalisme dans ses propositions d’évolution de la Pac en remettant largement en cause des dispositifs – intervention, soutiens directs – qui permettent aux producteurs de céréales et d’oléoprotéagineux de mieux faire face aux aléas des marchés».
Dans un contexte de grande volatilité des prix, «un stockage public efficace et de vrais filets de sécurité pour les exploitants demeurent plus que jamais nécessaires pour maintenir un intérêt à produire dans les périodes de prix bas», souligne l'organisation syndicale.
«Le parti que prend la Commission européenne est d’autant plus incompréhensible qu’aux Etats-Unis, le Congrès américain vient d’adopter un Farm Bill qui reconduit les mécanismes d’aides actuels. Pour mémoire, plus les marchés sont déprimés et plus ces aides prennent de l’ampleur, avantageant les exploitants américains, déjà bien aidés par le niveau du dollar, par rapport à leurs concurrents», poursuit Orama.
La Coordination rurale affirme de son côté qu'elle «refuse les orientations du bilan de santé de la Pac annoncées par la Commission européenne». Le président du syndicat, François Lucas, «appelle la France à peser de tout son poids pour imposer la rupture et que la politique agricole commune de demain soit bien conforme à celle qu'a dessinée le président de la République dans ses récents discours».
La Confédération paysanne souligne quant à elle, dans un comminiqué qu'elle «attend des responsables politiques qu’ils s’opposent aux ambitions libérales de la Commission européenne». Le syndicat «déplore qu’aucun bilan n’ait été tiré des conséquences de la réforme sur la production, sur l’adéquation entre l’offre et la demande alimentaire européenne, sur le revenu paysan, et sur l’emploi».
La Confédération paysanne est favorable à «un fort niveau de protection aux frontières et au maintien des outils de gestion et de régulation des marchés, permettant la formation de prix stables comme composante essentielle du revenu paysan», «des aides recouplées à la production, plafonnées par actif, et fonction des prix», «une politique de développement rural favorisant l’emploi et l’activité en milieu rural».
Pour le Modef, «la copie de la Commission européenne répond à souhait aux gouvernements successifs qui depuis 1992 veulent se délester de l'agriculture européenne et de ses paysans, secteur non rentable dans l'économie libre».
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