«Notre objectif doit être une agriculture productive, performante, tournée vers l'avenir et qui préserve les territoires ruraux», a estimé le président du Parlement européen (PE), Hans-Gert Pöttering, en ouverture de la rencontre entre parlementaires européens et français les 3 et 4 novembre à Bruxelles.
En 2013, l'Union européenne sera dotée d'un nouveau cadre budgétaire et si le traité de Lisbonne entre en vigueur, le Parlement européen sera codécisionnaire sur les questions agricoles. Par cette rencontre, les députés veulent démontrer leur faculté d'intervenir.
«La proposition de la Commission européenne n'envisage pas comment la Pac doit résoudre la question de la crise alimentaire mondiale et la demande croissante en énergie, ni ce que devrait être la Pac après 2013», a regretté Neil Parish (PPE-DE, UK), le président de la commission agricole du PE.
«Il faut longtemps pour qu'un supertanker change de direction», s'est défendu la commissaire européenne à l'agriculture, Mariann Fischer Boel, justifiant son approche limitée au bilan de santé de la Pac. Pour l'après-2013, il faudra «laisser davantage la place au jeu du marché» en maintenant des filets de sécurité seulement en cas de vraie crise et justifier encore plus les dépenses agricoles auprès des citoyens en développant la politique de développement rural et en tenant davantage compte de l'environnement.
Lors du débat, la plupart des intervenants se sont prononcés pour une régulation des marchés et le maintien d'une politique agricole forte sans toutefois revenir aux systèmes de gestion de la Pac d'avant 1992. «Si les marchés doivent être la pierre angulaire, ils doivent également être soumis aux règles de la régulation», a souligné Patrick Ollier, président de la commission des affaires économiques de l'Assemblée nationale. «Il ne faut pas moins de Pac, mais plus de Pac au niveau mondial», a-t-il ajouté.
«L'agriculture sera au cœur des enjeux alimentaires de demain, car il nous faudra nourrir pas moins de 9 milliards d'hommes au cours de ce siècle avec une surface constante», a relevé en conclusion Jean-Paul Emorine, président de la commission des affaires économiques du Sénat français. Pour relever ce défi, «l'Europe aura un rôle prééminent qu'il s'agisse de production, de régulation et de coopération avec les pays en développement».
«L'avenir de la Pac, c'est la qualité et la sécurité alimentaire, la sécurité de la production, la protection de la diversité des paysages et une meilleure utilisation des ressources en eau», a jouté Neil Parish. «Il ne faut pas non plus de réglementation trop stricte qui détruirait les marchés», «il faut une politique agricole plus juste à l'égard des pays en développement pour ne pas qu'elle déstabilise leurs marchés».