Environ 8.000 agriculteurs tchèques, slovaques, hongrois, lituaniens et allemands ont manifesté jeudi à Prague contre la politique laitière européenne et le système des subventions qui défavorise selon eux les nouveaux pays membres de l'UE.
Rassemblés dans la matinée devant le ministère de l'Agriculture, les manifestants ont défilé dans le centre de la capitale pour présenter leurs revendications à la commissaire européenne à l'Agriculture, Mariann Fischer-Boel, venue à Prague pour une conférence.
Les producteurs de lait, majoritaires dans le cortège, ont appelé à une hausse des prix d'achat du lait, trop bas selon eux, mais aussi à l'harmonisation des conditions de l'octroi des subventions à partir de 2010, et non à partir de 2013 comme prévu par les traités d'adhésion signés avant l'entrée de leurs pays à l'UE en 2004.
Mme Fischer-Boel a promis de recevoir prochainement à Bruxelles une délégation d'agriculteurs de plusieurs pays, pour se pencher sur la politique laitière de l'UE.
Devant l'hôtel Marriott où se tenait la conférence, les manifestants ont déversé plusieurs dizaines de litres de lait et éparpillé une grosse quantité de blé.
«Mêmes conditions pour tous au sein de l'UE !», «Nous sommes nouveaux, mais pas sans importance !» «les agriculteurs ont besoin d'un prix juste - 40 cents», pouvait-on notamment lire sur les banderoles.
Des drapeaux de République tchèque, d'Allemagne, de Slovaquie, de Slovénie, de Hongrie et de Lituanie étaient brandis par les manifestants, munis de sifflets, sonnailles et crécelles.
«Nous avons une possibilité, à savoir oeuvrer pour que le Traité de Lisbonne ne soit pas ratifié, jusqu'à l'harmonisation des conditions», a affirmé le chef de la Chambre agricole tchèque Jan Veleba, acclamé par la foule.
La République tchèque était le dernier pays de l'UE à ne pas s'être prononcé sur le Traité de Lisbonne, jusqu'au récent «oui» de la chambre basse. Le Sénat doit encore examiner le texte, puis il faudra que le très eurosceptique président Vaclav Klaus accepte de le signer.
«Personne ne vous promettra l'harmonisation des conditions à partir de 2010», a de son côté affirmé le ministre tchèque de l'Agriculture, Petr Gandalovic, dans une allocution prononcée sous les huées des agriculteurs.
«Ce sera encore une âpre lutte pour que les conditions soient égales après 2013. Les Français n'apprécieront pas une baisse des subventions», a-t-il ajouté.