La crise qui secoue les fruits et légumes d’été s’étend à la pomme. Le Sud-Est, qui ouvre la campagne de la fin de juillet au début d'août, se trouve en première ligne.
«Le cours se situe au-dessous du coût de production, déplore Patrice Renaud, arboriculteur à Eygalières dans les Bouches-du-Rhône à la tête d’un verger de 80 hectares. Pis, nous vendons systématiquement 5 centimes de moins que le cours officiel.»
Illustration, la Royal Galla de bonne qualité se négocie actuellement 0,20 €/kg alors que son prix de revient affiche 0,30 €/kg brut de cueillette. Aucune variété n’échappe à la mévente. «Nous avons laissé les golden précoces sur les arbres, poursuit Patrice Renaud. Nous les expédions en Europe de l’Est, mais cette année les organismes d’assurance n’ont pas voulu se porter garants». «La crise est pire qu’en 2005, ajoute t-il. J’estime mes pertes entre 0,10 et 0,15 €/kg».
Dans le Vaucluse, Nicolas Berger, jeune agriculteur à Alten-les Palus, vend lui aussi à perte. «Les importateurs ont encore des stocks de pommes d’Hémisphère Sud sur les bras, indique-t-il. Conséquence, ils bradent les prix, ceux-ci servent de référence sur nos pommes».
La grande distribution est montrée du doigt. A la mi-août, dans une grande surface du Vaucluse, des producteurs ont constaté que sur la dizaine de références présentes en rayon, une seule pomme provenait de France. «Les autres venaient de l'hémisphère Sud», commente un responsable professionnel.
La question des marges est à nouveau sur le tapis. «En magasin, la Royal Galla affiche 2,20 €/kg, signale Nicolas Berger. Les distributeurs ont revu les ardoises à la baisse, mais pour ne pas rogner sur leurs marges, ils ont acheté moins cher à la production».
A ce stade, les pertes du secteur n’ont pas encore été dressées. Elles s’annoncent toutefois importantes. Les cours n’ont que très peu de chance de se relever.
Revendications Avec 390.000 tonnes, la région Paca arrive en tête des régions de production de pommes. «Nous devons conserver ce potentiel de production, souligne Patrice Renaud. Si la région n’est plus représentative, les acheteurs iront s’approvisionner ailleurs en Europe». Qui plus est, d’après des estimations, 1 ha de pommes équivaut à un emploi en amont et en aval à l’année. Face à la crise, les organisations professionnelles, réunies le 24 août dernier, réclament un plan de soutien conjoncturel et la mise en place de mesures structurelles. Parmi elles, l’harmonisation du coût du travail et des pratiques phytosanitaires à l’échelle européenne. |