Le pacte d'avenir pour la Bretagne, rendu public mercredi soir, consacre une enveloppe de près de 2 milliards d'euros à la Région, dont près d'un milliard pour un plan en faveur du secteur agri-agroalimentaire, en crise. Les Bonnets rouges évoquent une « coquille vide ».
Le document de 88 pages a été envoyé aux membres du Conseil économique social et environnemental régional (Ceser), aux élus bretons et aux acteurs économiques et sociaux.
Dans les quelque 2 milliards d'euros de moyens financiers, selon le conseil régional, quelque 350 millions d'euros (M€), attribués par l'Etat et les collectivités locales, sont consacrés à des mesures d'urgence pour l'année 2014, notamment en soutien à la filière de la volaille (15 M€) et aux exploitations agricoles (15 M€).
Les autres mesures financières concernent le plan agri-agroalimentaire de près d'un milliard d'euros, dont 368 M€ venant de l'Europe, et les sommes allouées dans le cadre du contrat Etat-Région, sur la période 2014-2020. L'agriculture et l'agroalimentaire sont des secteurs en pleine tourmente du fait de la concurrence internationale, de la fin des aides européennes à l'exportation et d'un modèle axé sur la production de masse à faible valeur ajoutée.
Des moyens financiers sont affectés au logement, dans la lutte contre la précarité énergétique (48 M€) ou la transition énergétique (33 M€). Le chapitre des mesures d'urgence liste aussi les moyens attribués dans les domaines de l'emploi et de l'accès au marché du travail, de l'enseignement supérieur et la recherche, de la culture ou des infrastructures.
Le pacte a été lancé, à la mi-octobre 2013 par le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, pour trouver des mesures pérennes à cette « crise bretonne » et répondre à la colère qui a éclaté dans la région du fait de la succession des restructurations et des plans sociaux dans l'agroalimentaire, mais aussi dans les télécoms et l'automobile, piliers de l'économie régionale. Une colère qui a été alimentée par le projet d'écotaxe sur les poids-lourds, finalement suspendu par le gouvernement.
L'élaboration de ce pacte a donné lieu à une trentaine de réunions, à la préfecture de Région, à Rennes, avec les acteurs politiques, économiques et sociaux. « Le pacte est le plan de et pour la Bretagne, un pacte de confiance dans ses capacités de rebond, de mobilisation et d'initiative », souligne le préambule.
Outre l'anticipation des mutations sociales et industrielles, le pacte entend « conforter la Bretagne comme une grande région productive » mais aussi comme « une grande région maritime européenne ». Il entend aussi affirmer « l'identité culturelle » de la région et sera décliné par « une convention spécifique sur les langues de Bretagne », notamment. Il aborde aussi les questions de réussite éducative et d'accès à l'emploi des jeunes, en particulier les plus défavorisés. Le texte comprend aussi un chapitre consacré aux mesures de simplification, « pour lesquelles la Bretagne sera région expérimentatrice ».
Le texte sera discuté au Conseil économique et social régional le 10 décembre, puis au conseil régional le 12. Il doit ensuite être signé à Rennes par le préfet de Région, Patrick Strzoda, le président de la Région, Pierrick Massiot (PS), et le Premier ministre le 13 décembre.
« C'est de l'enfumage et une coquille vide » (Christian Troadec)
Premier à réagir après la publication du texte, Christian Troadec, un des principaux porte-parole du mouvement des Bonnets rouges, qui a mobilisé entre 17.000 et 40.000 personnes à Carhaix (Finistère) pour l'emploi en Bretagne et la « régionalisation », a vivement critiqué le texte.
« Ce pacte, c'est de l'enfumage et une coquille vide que seule la mobilisation des Bonnets Rouges [...] devrait permettre de remplir », a-t-il déclaré dans un communiqué. « Le moins qu'on puisse dire, c'est que le compte n'y est pas et que ce texte, marqué de l'empreinte de la technostructure administrative parisienne, ne répond nullement aux attentes de la société bretonne exprimées de différentes manières ces dernières semaines », a-t-il assuré.
le gaspillage
vendredi 06 décembre 2013 - 12h56
Dans les années 80, les bretons importaient les sous produits d'outre-atlantique. Ils ont cassé l'agriculture française. Maintenant, ils ont le retour du bâton dû à une prise de conscience de la population française.