«Notre objectif en lançant le projet Cartopaille était de développer de nouveaux débouchés pour la paille, en plus des utilisations actuelles en élevage, afin d’apporter un revenu complémentaire aux agriculteurs, explique Caroline Bertrand, de la Fédération des coopératives agricoles de Picardie. Mais auparavant, il nous fallait vérifier si l’exportation de paille n’avait pas d’effet négatif sur la qualité des sols.»
Une étude très précise, engagée entre différents partenaires régionaux, vient d’aboutir. «A l’exception des sols très limoneux, où les exportations de paille peuvent accroître le risque de battance, dans la majorité des sols picards et des rotations pratiquées dans la région, le fait de n’exporter la paille que d’une céréale sur trois dans l’assolement, ne modifie pratiquement pas la qualité des sols. Le stock de matières organiques ne baisserait que de 2,5% sur 50 ans», indique Pierre-Vincent Protin, d’Arvalis Institut du Végétal.
Les différents partenaires ont évalué canton par canton, en fonction des types de sols, des rotations et des volumes déjà mobilisés pour l’élevage, les quantités de paille qui pourraient être exportées dans la région.
«En prenant en compte un rendement moyen en paille de 4,1 t/ha, la Picardie dispose d’un gisement pouvant être utilisé par l’industrie, de 630.000 tonnes», résume Claude Jacquin, également d’Arvalis. C’est-à-dire de quoi approvisionner sept ou huit unités industrielles de grande dimension.
Quatre projets sont dores et déjà à l’étude, un dans l’Oise, conduit par la société CIMV (130.000 t de paille) pour la production de pâtes à papier et autres coproduits de la paille, et trois dans le secteur des bioénergies pour alimenter les usines dans la Somme, de Bonduelle (90.000 t de paille), dans l’Aisne de Tereos (100.000 t de paille) et Greenfield (70.000 t de paille), dans le cadre de l’appel à projets du ministère de l’Industrie pour la production d’électricité et de chaleur, à partir de biomasse.
Pour ces trois derniers projets, qui font aussi appel à d’autres sources de biomasse, il faudra attendre la décision du ministère de l’Industrie, en janvier 2008.