Les abeilles ouvrières sont capables de détecter un niveau anormal de pesticides dans le pollen collecté par les butineuses, et de les isoler grâce au propolis, a rapporté la presse anglaise au début de la semaine (The Guardian, The Independent).
Jeff Pettis, entomologiste chef du laboratoire de recherche sur les abeilles au ministère de l'Agriculture américain, et un autre chercheur américain, Dennis Van Engelsdorp (Penn State Univeristy), ont montré que les abeilles sont capables de détecter dans le pollen, parmi d'autres molécules chimiques potentiellement toxiques pour elles, un fongicide, ainsi que deux insecticides utilisés pour détruire des mites pathogènes au sein de la ruche. Grâce à la résine de propolis, elles les « encapsulent » dans les alvéoles destinées à nourrir les jeunes abeilles.
Pour J. Pettis, non seulement chercheur mais aussi apiculteur, cette nouvelle « très marquante » montre que les abeilles « sont sensibles [aux produits phytosanitaires] » et qu'elles sont capables de les isoler.
Malheureusement, a souligné le chercheur devant les députés britanniques, ces efforts sont vains puisque finalement, les ruches dans lesquelles ce phénomène d'encapsulation a été relevé finissent par décliner.
Il explique cela par le fait bien connu que la disparition des abeilles n'est pas due uniquement aux pesticides. Il appelle cela le « principe des trois P » : une nutrition pauvre (due à la baisse de diversité des plantes cultivées), les pesticides et les pathogènes.
Et justement les abeilles isolent également les alvéoles contenant les insecticides ciblant le varroa, cet acarien pathogène qui contribue à la disparition des abeilles, indiquant, selon le principe évoqué plus haut, qu'elles y sont sensibles. Un vrai paradoxe pour J. Pettis, puisque ces produits sont sensés protéger les abeilles de ce parasite.
Le chercheur a également indiqué que les abeilles infectées avec d'infimes doses d'imidacloprid, le néonicotinoïde systémique commercialisé par Bayer et largement utilisé en angleterre et aux USA dans les zones d'agriculture intensive, sont plus sensibles au parasite nosema.