«Le rapport Ecophyto 2018 remis à la fin de mai au ministre de l’Agriculture est dans les mains de groupes de travail qui essaient de transformer les axes de ce plan en mesures concrètes, réglementaires, financières...», a précisé Jean-Louis Bernard, de l’Association française de protection des plantes, mercredi lors d'une conférence à Innov-Agri.
Mais de toute façon «dans un contexte de contamination des milieux, de phénomènes de résistance et d’érosion d’efficacité des matières actives, la réduction de 50% de phytos est possible, a expliqué Laurence Guichard, de l’Inra. C’est possible, mais à condition d’adapter les systèmes de culture en évitant les situations à risque. Concernant la hausse des prix, chaque quintal produit profite de la haute rémunération, que ce soit une conduite intégrée ou conventionnelle».
Pour prouver la faisabilité de ce type de conduite, deux agriculteurs ont partagé leur expérience tel Antoine Lambert, agriculteur dans l’Eure. «J’avais plus de 100 €/ha pour le poste désherbage sur blé avec toujours des problèmes de vulpins, il fallait que ça s’arrête!», a-t-il déclaré. Aujourd’hui, il est parvenu à un indice de fréquence de traitement de 1,7 sur l’exploitation en adaptant ses itinéraires techniques, mais plus globalement tout le système de production.
Cyrille Millard, agriculteur dans la Seine-et-Marne, a lui aussi franchi le pas en contractualisant une MAE (mesure agri-environnementale) en 2006 mais le bilan est plus mitigé. «Mes essais en agriculture intégrée ont enregistré une perte nette de 215 €/ha en 2007 et un gain net de 22 €/ha en 2008. En 2009, je dois atteindre -40% de phytos et cela risque d’être difficile de parvenir à un gain, sauf s’il n’y a aucune pression maladies ou insectes!», s’est inquiété l’agriculteur.
Dans ce cas, l’adaptation de l’itinéraire technique ne suffit pas. Revoir tout le système de production à travers notamment le type de rotation est nécessaire pour atteindre l’objectif final de 50% de réduction de phytos sur l’exploitation.