Michel Barnier a encore une fois déclaré son intention de soutenir l'agriculture biologique, lors d'un séminaire organisé par l'Agence bio, mardi dans le cadre du Salon international de l'agriculture (Sia).
Il s'est engagé en faveur d'une aide pérenne au maintien du bio. Elle serait alimentée en lui restituant en priorité les aides du premier pilier de la Pac mobilisées par le biais de l'article 69.
Bien que ces décisions doivent être prises en Conseil de ministres européens à la majorité qualifiée, Michel Barnier s'est dit «raisonnablement optimiste» pour de premières avancées d'ici mars.
Le crédit d'impôts dont bénéficie les producteurs bio «est prorogé jusqu'en 2010 et je proposerai son doublement», a également déclaré le ministre de l'Agriculture. Il s'est engagé à étudier le déplafonnement de ce crédit (4 ha actuellement).
Afin d'augmenter l'enveloppe pour la conversion au bio Michel Barnier entend mobiliser les aides du deuxième pilier de la Pac.
La Fnab (Fédération nationale de l'agriculture biologique) s'est félicitée de ces annonces, lors d'une conférence de presse mardi après-midi au Sia, mais reste sceptique sur l'attente de l'objectif 6% des surfaces en bio en 2012, contre 2% aujourd'hui.
Elle s'inquiète des contradictions entre l'objectif du ministre et les moyens financiers envisgés qu'elle juge «très insuffisants» pour encourager le maintien et la conversion au bio.
«Il faudrait 6.000 conversions par an soit dix fois plus qu'actuellement», a souligné Henri Thépaut, président de la Fnab.
Pour maintenir les 30.000 exploitations bio, qui est l'objectif pour 2012, il faudrait 750 millions d'euros d'aides au maintien soit la quasi totalité des 10% mobilisables sur le premier pilier par l'intermédiaire de l'article 69, a-t-il également estimé.
La Fnab se préoccupe aussi du manque de moyens alloués pour la formation: «le bio a 10 millions d'euros, alors que les biotechnologies bénéficient de 45 millions», s'est indigné Henri Thépaut.
Le président de la Fnab a également martelé la nécessité de «changer les mentalités» des jeunes et des producteurs conventionnels qui méconnaissent, selon lui, la bio.
Enfin, la Fnab a de nouveau demandé que l'institut technique (Itab) reste «autonome», alors qu'il est en cours de rattachement à l'Acta (association de coordination technique agricole). Les producteurs bio souhaitent un meilleur retour à leur secteur des cotisations au Casdar (développement agricole). Ils déplorent que 0,5% du budget agricole soient spécifiques à la bio alors que celle-ci représente 2% des surfaces.