La pomme de terre primeur, produit frais en vente de la mi-avril à la mi-août, est menacée de disparition face à la concurrence de la pomme de terre de conservation, en rayon toute l'année et moins chère, ont averti vendredi les producteurs bretons.
En dix ans, la production française de la pomme de terre primeur est passée de 150.000 à 45.000 tonnes.
Récoltée avant sa maturité et commercialisée dès le lendemain, la pomme de terre primeur est un produit frais. Sa saveur est plus sucrée que celle des pommes de terre de conservation.
«Quand on évoque la mort annoncée de la pomme de terre primeur, c'est pour nous une réalité», a déploré André Minguy, représentant de la section bretonne des producteurs, lors d'une conférence de presse à Rennes.
«La primeur peine de plus en plus à se faire une place dans les rayons de la grande distribution car on y trouve toute l'année pléthore de pommes de terre de conservation», a poursuivi André Minguy.
Vendue à moins d'un euro le kilogramme, celle-ci est conservée dans des installations frigorifiques pendant plusieurs mois et proposée à la consommation tout au long de l'année.
«Il s'agit de deux produits très différents: d'un côté, on a un produit frais; de l'autre, on a une pomme de terre déshydratée, traitée aux antigerminatifs, qui a perdu pendant sa conservation ses qualités gustatives», juge Gaétan Gendron, producteur de pommes de terre primeur à Noirmoutier (Vendée).
Face à la baisse des ventes, les producteurs ont évoqué des «pistes» comme limiter la période de vente de la pomme de terre de conservation par un arrêté de commercialisation.
Ces hypothèses seront évoquées à l'automne lors de discussions entre producteurs de pommes de terre primeur, producteurs de pommes de terre de conservation et représentants de la distribution.
Selon les producteurs de pommes de terre primeur, le marché du tubercule de conservation est «tenu par cinq six grosses sociétés liées par avec de gros producteurs français et étrangers».
Mais très rapidement, «les groupes dominants ne tarderont pas à franchir une nouvelle étape: s'adresser à des pays à faibles coûts de main-d'oeuvre», provoquant la disparition de cette culture des campagnes françaises, ont-ils averti.