Vinifhlor a publié en février (1) une étude qui fait le point sur la connaissance et les opinions des Français vis-à-vis des pratiques culturales sur vignes et les pratiques œnologiques en 2008. Dix ans après sa première étude sur le sujet, l'office détaille l'évolution des connaissances et de l'opinion des Français sur «la façon dont sont faits les vins».
Sur un échantillon de 1.000 personnes interrogées par téléphone, selon l'enquête, «le vin a une belle image», en 2008 comme en 1998. Le vin reste de manière «très nette» et «très homogène» identifié au patrimoine et au terroir, précise Viniflhor, même si la confiance que lui portent les non-consommateurs au sujet de «la tradition» et du «savoir-faire des hommes», «toujours très haute», est «légèrement moins bien notée». D'ailleurs souligne l'office, les non-consommateurs ont plus de mal à percevoir le vin comme un produit «entièrement naturel».
Enfin en termes d'image, l’item «le vin est un produit dont la fabrication depuis la culture de la vigne jusqu’à la mise en bouteille est une activité polluante» n’a pas eu la moyenne. Cependant, prévient Viniflhor, sa note est celle qui a le plus monté en 10 ans: elle a presque doublé!
Logique donc que parmi les questions posées au panel sur la connaissance des modes d'élaboration du vin, l’affirmation «dans les vins, on trouve les résidus des engrais, fongicides et insecticides, qui ont servi à cultiver la vigne» qui n’était considérée comme vrai que par 41% des Français, l’est en 2008 par 67%, comme le souligne l'enquête, ou que l'acceptation du «tout vin bio» progresse (voir plus loin).
Globalement, «pour un certain nombre», des questions posées sur des techniques œnologiques précises ou les processus d'assemblage qui mènent au vin, «le score n’a pratiquement pas évolué en 10 ans», affirme l'office. En revanche, le vin est «moins systématiquement» associé au tonneau qu’il y a 10 ans puisque 68% des interrogés en 2008 contre 76% en 1998 estiment que «au cours de sa fabrication, le vin séjourne systématiquement quelque temps dans un tonneau ou une cuve en bois». L’ajout de gaz soufré (41% de vrai en 2008 contre 31% en 1998), de levures (45% contre 35%), d’aromatisant (48% contre 32%) et encore plus nettement l’utilisation de copeaux pour donner un goût boisé au vin (59% de vrai en 2008 contre 27% en 1998) «sont des pratiques devenues tout à fait vraisemblables», analyse Viniflhor.
Quant à envisager des changements dans les méthodes de production, les propositions sont souvent rejetées. Ainsi, 50% des Français refusent l’idée que «la production du vin sera entièrement industrialisée», 47% que «le vin contiendra des aromatisants ou des conservateurs» et que l’«on chauffera ou réfrigérera le vin pour accélérer sa maturation», 54% que «le vin sera fait à partir de raisins issus de la recherche génétique» et 47% que l’«on fera de grands vins avec des mélanges de vins de différentes provenances».
Par contre, la proposition «le goût boisé du vin sera obtenu en mettant du bois dans les cuves sous forme de lamelles ou de copeaux», acceptée par seulement 25% des sondés en 1998, l’est en 2008 par 40%. L’item «on ne trouvera plus que du vin bio» convient à 46% d’entre eux en 2008 contre 27% en 1998.
Au lancement de l'enquête en 1998, raconte Viniflhor, «le marché du vin en France est marqué par une régression sur les 30 dernières années: la consommation quotidienne de vin a fait place à une consommation plus exceptionnelle, plus conviviale et qualitative, surtout pour les consommateurs les plus jeunes, entraînant une réduction des volumes consommés. Face à cette situation [...], les producteurs et négociants ont développé des procédés de culture et d’élaboration du vin qui garantissent l’hygiène et la stabilité des produits, mais qui s’éloignent des méthodes traditionnelles».
Ces pratiques, souligne Vinifhlor, comme l'usage de pesticides, l'ajout d'intrants œnologiques pour la vinification, protéines pour le collage, sulfites, techniques de boisage autres que les fûts en bois, etc., «ne mettent pas en danger la qualité du vin, ni la santé des consommateurs. Mais elles peuvent, si ceux-ci les découvrent ou si elles font l’objet d’une campagne dénigrante, mettre en danger l’image du vin». Car il a toujours été présenté «comme un produit traditionnel, authentique et naturel».
Les connaissances des Français évoluent, conclue Viniflhor, «vraisemblablement sous l'influence de médias […] qui ne sont pas maîtrisés par les producteurs».
En tout cas, indique l'office, «dix ans plus tard, les tendances de consommation de vin en France se sont confirmées». «La consommation du vin se détache du repas» (30% des volumes consommés) et les «consommateurs réguliers se raréfient» -15% seulement des interrogés sont des consommateurs quotidiens ou presque contre 23% en 1998, et avec 22% en 2008 contre 23% en 1998, la proportion de consommateurs hebdomadaires ne varie pas. Pis, 26% des Français déclarent ne jamais consommer de vin, contre 23% en 1998! Heureusement pour la filière viticole, la proportion de consommateurs moins fréquents passe à 37% en 2008 contre 31% en 1998, selon l'étude.
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(1) Vinifhlor-infos n° 160, février 2009, pp. 71-80.
Téléchargez l' enquête de Viniflhor (2.03 Mo) .