La ministre de l'Ecologie Ségolène Royal a plaidé samedi pour un « juste équilibre entre le pastoralisme et la réintroduction d'espèces », refusant en particulier le lâcher d'un nouvel ours dans les Hautes-Pyrénées et autorisant les battues de loups là où des attaques ont lieu.
« Je veux un juste équilibre entre le pastoralisme et la réintroduction d'espèces sauvages », a déclaré à l'AFP la ministre en assistant à un lâcher de trois bouquetins ibériques sur le site du plateau du Clot de Cauterets (Hautes-Pyrénées), dans le Parc national des Pyrénées.
Le bouquetin a disparu de la région avant 1910. Neuf de leurs cousins d'Espagne, où il se porte bien, ont déjà été réintroduits jeudi et, à terme, 160 doivent être lâchés sur trois ans dans les Pyrénées françaises.
La ministre a cependant reconnu que les réintroductions de loups et d'ours étaient plus « sensibles ».
« Les réintroductions d'espèces ne doivent pas avoir lieu dans des zones de pastoralisme. Je suis intervenue sur les loups, ce qui n'est pas forcément facile pour un ministre de l'Ecologie. Je fais le choix des zones où il y a incompatibilité entre le pastoralisme et des espèces qui peuvent être prédatrices », a-t-elle dit, citant le cas des Hautes-Pyrénées.
« Ici par exemple, il reste un ours. Donc la question se pose de la réintroduction d'un deuxième. Aujourd'hui, je ne donne pas l'autorisation car je considère que c'est un problème pour le pastoralisme. Il faut regarder quels sont les endroits où on peut réintroduire l'ours, là où il n'y a pas d'équilibre conflictuel avec des activités d'élevage. »
« Ce n'est pas pour cela que je remets en cause la reconquête de la biodiversité mais il faut le faire de façon raisonnée. »
Ainsi, en ce qui concerne le loup, dont seuls 300 subsistent en France, la ministre a confirmé l'entrée en vigueur, « à la fin du mois de juillet », d'un arrêté « autorisant les battues de chasseurs dans les zones où il y a des attaques ».
Le 28 juin, plus de 2.000 éleveurs, agriculteurs et chasseurs avaient dénoncé à Foix « l'ensauvagement » de la montagne et les « contraintes » pesant sur leurs activités en raison des mesures de protection de l'ours, notamment.
Les ours menaçaient de totalement disparaître en France dans les années 1990. Leur population a été renforcée grâce à des lâchers d'une espèce slovène dans le massif pyrénéen en 1996, 1997 et 2006.
En 2013, on comptait au moins 24 ours dans les Pyrénées, des côtés français et espagnol.