A l'Association des Régions de France (ARF) aussi, les élus regardent du côté de l'Allemagne. Outre-Rhin, les Länder sont aux commandes. Les Régions françaises en rêvent. « L'Allemagne s'est réindustrialisée parce que ses Länder et ses entreprises sont à la manœuvre. La France s'est désindustrialisée car l'Etat est à la manœuvre », a déclaré Alain Rousset, le président de l'ARF.
Les Régions, largement à majorité socialiste, dressent un constat sans appel : « la décentralisation est largement inachevée ». L'ARF appelle à une « rupture culturelle ». Cet « acte politique », attendu depuis longtemps, trouve un nouvel écho à quelques semaines des élections présidentielles.
Les élus de l'ARF n'ont d'ailleurs pas manqué de préciser aux journalistes à qui ils présentaient leur vœux à Paris le 24 janvier 2012, que le candidat socialiste, François Hollande, s'était prononcé pour « un nouvel acte de la décentralisation ». « Pas un acte III mais un acte radical », a insisté Alain Rousset.
« Nous ne sommes plus là pour distribuer des subventions mais pour faire des politiques », a-t-il déclaré. Pour lui, la Région est le meilleur échelon pour une gestion adaptée à chaque territoire. En agriculture, cela se traduirait ainsi : l'Etat continuerait de fixer les orientations nationales et de coordonner les politiques communautaires à l'échelle nationale. Mais la Région serait impliquée dans la gestion régionale des aides du premier pilier de la Pac (soutiens directs au marché) et gérerait les fonds européens agricoles pour le développement rural (deuxième pilier). Elle gérerait également les aides à la création, au développement et à la modernisation des exploitations.
Ce transfert de pouvoirs nécessite des fonds, déjà insuffisants. « Aujourd'hui, les Régions engagent trois à six fois plus d'argent que l'Etat ne leur en transfère », souligne Alain Rousset.
L'ARF souhaite une réforme en profondeur de la fiscalité locale. « Les Régions doivent obtenir des ressources fiscales pérennes en lien direct avec leur cœur de responsabilité ». Elles appellent notamment à des transferts d'impôt national. Un des élus présents à la conférence de presse a précisé que François Hollande consacrerait la journée du 3 mars 2012 à cette question.
Pour l'ARF, ce transfert de fonds et de compétence est logique. « En une trentaine d'années de décentralisation, nous n'avons pas été si mauvais, constate Alain Rousset. Toutes les Régions sont notées au moins AA. Elles appliquent toutes la règle d'or. »
Concernant plus particulièrement l'agriculture, le président de l'ARF s'est employé à démontrer que les Régions étaient déjà actives en matière d'environnement, de circuits courts, d'énergies et d'évolution de l'agriculture conventionnelle.
« Le Languedoc et le Bretagne ont déjà créé leur marque pour valoriser leurs productions agricoles. L'Aquitaine et le Midi-Pyrénées suivent », a-t-il également plaidé. « Nous avons aussi des réflexions sur le foncier, l'étalement urbain... Nous sommes au cœur de la politique. » « Sans notre intervention, beaucoup de lycées agricoles n'auraient plus d'exploitation », a ajouté un autre élu.