Le ministre délégué à l'Agroalimentaire, Guillaume Garot, souhaite revoir la loi de modernisation de l'économie (LME) pour rééquilibrer le poids des producteurs et des industriels face à la grande distribution dans la formation des prix, a-t-il expliqué lundi à l'AFP.
« Le partage de la valeur ajoutée se fait au détriment des producteurs et des transformateurs », a déclaré le ministre, estimant que « les distributeurs ont des efforts à faire ».
M. Garot va donc réunir le 21 novembre 2012 à son ministère tous les acteurs de la filière, afin de voir comment « la régulation pourrait être approfondie ». Pour le ministre, il s'agit « de mieux répartir la valeur ajoutée tout au long de la chaîne alimentaire » tout en « protégeant le pouvoir d'achat des consommateurs ».
Ces discussions devront conduire à une révision de la LME, qui pourrait être intégrée à la « loi d'avenir » de l'agriculture, a précisé M. Garot. Le gouvernement a annoncé cet été son intention de mettre en place une « loi d'avenir sur l'agriculture, l'agroalimentaire et la forêt » pour rendre le secteur « durable » et « performant ». Les grandes lignes de ce texte seront élaborées en 2013.
« Il faut effectivement retoucher quelques points précis de la LME », a expliqué à l'AFP Olivier Picot, vice-président de l'Association nationale des industries alimentaires (Ania). « On veut retrouver des marges de manœuvre afin de pouvoir faire face à la volatilité des prix des matières premières », a-t-il plaidé. « Et on souhaite qu'il y ait une trace de nos négociations avec la grande distribution afin de permettre à la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) des contrôles ».
La Fédération des entreprises du commerce et de la distribution (FCD) juge au contraire cette réforme « dangereuse » : « Remettre en cause cette loi comporte un risque fort de hausse des prix et donc de baisse de la consommation, d'ores et déjà extrêmement fragilisée. Remettre en cause la LME porterait atteinte, sans aucun doute, au pouvoir d'achat des consommateurs », écrit-elle dans un communiqué.
La FCD, qui réclame « en urgence » un rendez-vous aux ministres concernés, demande « aux multinationales de l'agroalimentaire, représentées par l'Ania, de réaliser le même travail de transparence que celui effectué par les enseignes, montrant une marge nette moyenne de 1,4 % ». « Il conviendra alors de regarder quel est l'équilibre du partage de la valeur », s'agacent les distributeurs.
Jeudi, l'Ania avait poussé un énième cri d'alterte, expliquant que la grande distribution continuait « d'agir impunément et de faire pression sur les 10.000 entreprises agroalimentaires françaises – et tout particulièrement sur les 97 % PME – pour tirer les prix vers le bas ».
Votée en 2008, la LME est censée encadrer les relations entre industriels et la grande distribution dans la formation des prix.